jeudi 3 décembre 2009

Noël : une fête laïque


C’est bientôt Noël, personne ne peut l’ignorer, les catalogues de nourriture, de jouets, de cadeaux envahissent les boîtes aux lettres, les pubs insistent, les rues et les pavillons s’illuminent, à qui aura le plus de guirlandes et clignotera le plus, les Pères Noël racolent ou s’accrochent aux murs des maisons.
C’est bientôt Noël, les vacances de Noël, la trêve de Noël et pour les plus démunis la « prime de Noël » instaurée en 1998.
C’est bientôt Noël, et les hypermarchés débordent de confiseries et de calendriers de l’Avent devenus calendriers de l’Avant… avec un chocolat de mauvaise qualité à croquer chaque jour du 1er au 24 décembre.

Pourtant je rencontre très souvent des familles qui ne fêtent pas Noël.
Je demande à N. ce qu’elle va offrir à sa fille de 4 ans pour Noël, et elle me répond qu’elle n’a pas le droit de fêter Noël, que c’est interdit « chez elle », parce que c’est une fête chrétienne…

Pas même un sapin ? Mais qu’est-ce que le sapin a de chrétien ?

« Noël ! » est un cri de joie ! Au Moyen âge on disait « Noël ! » pour annoncer une fête, quelle que soit la date. Et c’est bien avant l’ère chrétienne que les gens se réunissaient pour faire la fête aux alentours du 25 décembre. Chez les Romains – qui nous ont un peu colonisés et beaucoup influencés -, les Saturnales, fêtes du dieu des semailles, se déroulaient du 17 au 24 décembre, et la fête du dieu Mythra, le soleil invincible, ou fête des fous, avait lieu le 25 décembre.

On a fêté la naissance du Christ chez les chrétiens le 6 janvier, jusqu’en 354.
Récupérant l’esprit de liesse des fêtes romaines, les chrétiens ont en fait im-posé leurs rites sur des traditions festives beaucoup plus anciennes.

Mais que fête-t-on à Noël ?
Souvenez-vous, il fut un temps sans électricité, où le plupart des gens vivaient dans les campagnes au rythme des saisons. Lorsqu’arrive Noël, la nuit est si longue… Quand les nuits vont-elles raccourcir, les jours s’allonger ? Quand la nature va-t-elle reverdir, les animaux se reproduire, la vie reprendre ? C’est cet espoir de renaissance que tout le monde fête depuis toujours, chacun à sa façon, dans l’hémisphère Nord, à peu près aux mêmes dates.

La lumière, la verdure
Lorsque les jours deviennent plus courts que les nuits, arrivent les fêtes de la lumière. Fête des lanternes en Allemagne le 11 Novembre, fête de la Sainte Lucie en Suède le 13 décembre, où les jeunes filles portent sur leurs cheveux une couronne de bougies. 
Dans les pays du Nord, on utilise un chandelier avec 4 bougies : on en allume 1 chaque dimanche avant Noël.
C’est pour mettre de la lumière dans la vie d’hiver qu’on allume aussi les bougies dans le sapin (aujourd’hui remplacées par les guirlandes électriques). Et la bûche (qu’on mange maintenant, glacée, décorée de houx et de petits lutins), c’est une énorme pièce de bois qu’on mettait dans la cheminée le soir du 24 décembre et qui brûlait la nuit entière, éclairant la pièce où tous se retrouvaient à la veillée, et brûlait encore les jours suivants, jusqu’au 6 janvier, jour des rois, le plus souvent.
Décorée de houx ? Eh oui, les feuilles qui sont vertes en hiver, comme les épines du sapin, « qui garde sa verdure ». Les fruits rouges, comme les fruits du gui, symboles de vie.
Fruits colorés dont on décorait aussi le sapin, fruits rares – la fameuse orange, seul cadeau de Noël des enfants d’autrefois – venus de très loin, là où brille le soleil, preuve qu’il n’est pas perdu…

Petits jeux pour faire renaître la nature : les lentilles et le cerisier de Noël. À faire avec les enfants dans l’attente de la fête.
Si vous allez à la campagne, coupez un rameau de cerisier, plongez-le dans l’eau et vous aurez à Noël une belle branche fleurie annonçant le printemps avant l’heure.

Dès les premiers jours de décembre, posez les lentilles dans une assiette sur un coton humide, que vous arroserez un petit peu chaque jour. Le 24 décembre, vos aurez un petit gazon à décorer sur la table de Noël ou dans la crèche si vous en faites une… 

La naissance, les enfants
Justement, la crèche. Le 25 décembre on fêtait donc le dieu Mythra, le Soleil Invincible (Sol Invictus). Ce culte d’origine perse, était pratiqué chez les Romains au début de l’ère chrétienne, et cela se passait autour d’une grotte, le soleil apparaissant sous la forme d’un nouveau né.
Noël viendrait du gallois noio : nouveau (breton neuez, grec neos) et de hel : soleil (breton hed, grec helios) : il signifierait donc nouveau soleil et correspondrait à la renaissance du soleil au moment du solstice d’hiver.
La crèche dans les maisons, avec les santons de Provence, est une coutume qui date du XIII eme siècle. Cette représentation de la naissance de l’enfant Jésus a été suggérée par l’église, au Moyen-âge, aux paysans qui se plaisaient à jouer des scènes de théâtre burlesques, voire paillardes, afin de canaliser leurs dons pour le théâtre à des fins religieuses. On jouait la crèche avec des personnages vivants, un vrai âne (symbole de fertilité) et un vrai bœuf (symbole de pureté).

Le jeu de la crèche
Si je pars de l’idée que nous fêtons la naissance ce jour de Noël, et tous les enfants, pourquoi ne pas "jouer à la crèche"? C’est une belle histoire, cet enfant qui naît juste à minuit, et que tout le monde vient voir, hommes et bêtes.
Chez nous, la tradition était de fabriquer nous-mêmes les santons, en terre. Cela nous occupait plusieurs jours avant Noël, on travaillait la terre, puis, les santons une fois secs, on les peignait, on décorait l’ensemble, toute la famille s’y mettait. Traditionnellement c’est mon père qui sculptait Marie, et chacun y allait de son commentaire sur la taille de son ventre, puisqu’avant minuit l’enfant n’était pas né ! Moutons, chats, chiens, oiseaux, serpents, tous les animaux étaient les bienvenus, au gré de l’invention de chacun. Nous n’étions pas chrétiens, nous fêtions un bébé. Je connais aussi des familles plus traditionnelles, qui mettent en scène des santons de Provence, mais où chaque mouton représente un enfant de la famille. Selon la façon dont s’est passée la journée, on a le droit de faire avancer son mouton ou non… comme dans un jeu de parcours ou de « 1 2 3 Soleil ! ».












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