samedi 26 mars 2011

Jouer au gâteau d’anniversaire

Le gâteau d'Oskar et Ellen chez AETRE

Voici le temps des anniversaires… Les parents se sont aimés en été, les bébés sont nés au printemps, vive le soleil !  

Chaque famille a ses rites, ses traditions, parfois c’est au saut du lit, que les parents offrent un cadeau à leur enfant, parfois c’est le soir même qu’on fait la fête, ou bien lors du week-end suivant, pour réunir toute la famille… quand ce n’est pas avec des jours et des jours de retard, parce que personne n’est libre avant. Parfois c’est au restaurant que tous se réunissent, et parfois au cours d’une fête avec les amis. Mais ici ou là, il faut un gâteau avec des bougies.
On éteint les lumières, on chante « Joyeux anniversaire ! », et le héros du jour doit souffler ses bougies. C’est la règle du jeu. En général, le gâteau se prépare en douce (j’allais écrire en secret, mais en douce me plaît mieux, dans ce cas-là, car on met beaucoup de tendresse dans ce secret de Polichinelle), et celui dont c’est l’anniversaire joue la surprise quand le gâteau (attendu) arrive.
Les enfants, on le sait, aiment que les bonnes choses se répètent.
« Lis-moi encore Roule galette* s’il te plaît
- On l’a lu hier, et avant-hier…
- Oui, mais ça ne fait rien. Lis-moi encore Roule galette, s’il te plaît ».
Statistiquement, il paraît que le tout premier mot prononcé par les petits français (après Papa et Maman) est ENCORE.

Encore les bougies ! On les rallume et tu souffles. Bravo ! Et on recommence encore… Heureusement quelqu’un invoque qu’il a faim, il faut enlever les bougies pour couper le gâteau. Sinon, on pourrait allumer et éteindre jusqu’à ce que les bougies aient totalement fondu !
Le "gâteau d'anniversaire" d'Ella
Pour perpétuer ce jeu, sachant qu’il faudra attendre 1 an (1 an, quand on en a 4 ou 5,  20 à 25 % d’existence !) les enfants jouent souvent au gâteau d’anniversaire. On plante un crayon dans un petit sablé et c’est l’anniversaire de la poupée, et on lui chante la chanson. Ou bien on fabrique un gâteau – et sa bougie - en pâte à modeler, quand ce n’est pas en Lego ou en Clipo.
Plus réaliste, mais néanmoins réutilisable à l’infini car il ne se mange pas en vrai, le gâteau d’Oskar et Ellen tout en coton, prédécoupé en parts, posé sur son napperon de dentelle, « nappé de chocolat », est décoré de 4 bougies fixées par un « scratch » : on les met sur le gâteau, on les souffle et on les enlève avant de partager.
Au Salon International du jouet à Nuremberg, j’en ai trouvé 4 ou 5 en bois,  cakes ou gâteaux ronds, en tranches ou en barquettes, avec les bougies en bois aussi, sur les stands des éditeurs de jouets, au milieu des accessoires pour jouer à la marchande ou au restaurant. Un jouet à part entière, en quelque sorte.

XCII : 92 ans !
La fabrication du VRAI gâteau peut, elle aussi, être un jeu. Pendant  de nombreuses années nous nous réunissions en famille pour fêter les 75, 80, 85, 90 ans d’une dame -ma mère - et cet événement était prétexte à des jeux collectifs de décors, de théâtre, de musique. Le gâteau y tenait une grande place. Selon le thème de l’année, nous inventions des formes, des décorations. Sa maison de campagne, ou un monument qui lui était cher (et l’architecte de la famille sortait son mètre pour que les pâtissiers respectent l’échelle)  ou un animal fétiche. Et pour ses 92 ans, son âge en chiffres romains.
Design par Bogato

"Loup gâteau" par Bogato

"Château d'anniversaire" par Bogato

Aussi ai-je été ravie de découvrir « CHEZ BOGATO » récemment : c’est le salon de thé pâtisserie, à Paris, d’Anaïs Olmer. Ses gâteaux sont vraiment délicieux, et en plus ils sont incroyables, inventifs, humoristiques et jolis. Des gâteaux de BON GOÛT. Elle a une foule d’idées, et elle crée à la demande le gâteau qu’il vous faut. Pas tellement plus cher qu’un gâteau de bon pâtissier.

Gâteau maison
Préférant au gâteau acheté une création « maison » pour les anniversaires des enfants, quand on en avait le temps, on se lançait aussi dans un gâteau en forme de bateau pour la fête des pirates (un Bateau d’anniversaire), ou de chat (ah non, ça c’était pour l’anniversaire de notre chat, je crois bien), de phare  marin au milieu d’une crème anglaise (la bougie au sommet bien sûr), ou de train.
Facile le train : 3 gâteaux en longueur achetés tout faits style 4 quarts (ou faits à l’avance dans des moules à cake), pour les wagons. Autant de petits sablés bretons que de roues. Attachez les wagons les uns aux autres avec du fil de réglisse. Les fenêtres et les portes peuvent être représentées par des biscuits carrés, et les rails par des gaufrettes allongées …  pour fixer les éléments, chocolat fondu ou caramel, et/ou brochettes en bois.
Même les tout petits mettaient la main à la pâte (sablée) pour faire des formes, des bonshommes, et des lettres avec lesquelles on écrivait leur prénom.

Recette de la pâte sablée
Ingrédients : 250 g de farine - 125 g de sucre semoule - 1 œuf - 100 g de beurre - 1 zeste de citron - 1 pincée de selPréparation : Dans un bol, délayez l'oeuf avec le sucre en poudre et une pincée de sel.Mettez la farine sur le plan de travail, faites un puits au centre, versez-y le contenu du bol et le zest de citron, puis le beurre ramolli. Malaxez le tout jusqu'à obtenir une pâte homogène.Cuisson : 10 à 12  15 mn.

Prise par le temps, il m’est arrivé de proposer à mes enfants de confectionner leur gâteau d’anniversaire avec leurs invités. Equipés de tabliers pour ne pas salir leurs habits de fête,  les mains propres, je les revois : Georges qui faisait fondre le chocolat, Anne qui découpait les biscuits en petits carrés, Lena qui triait les smarties par couleurs… L’après-midi se passait à créer un univers entier à partir de confiseries, biscuits, gâteaux : la maison - toit de tuiles aux amandes, murs en pain d’épice -, le jardin avec les habitants et les animaux fabriqués en pâte d’amande, les allées en petit sablé émietté, les arbres en palmiers…

Pas une minute pour préparer un goûter d’anniversaire ? Achetez toutes sortes de biscuits, de bonbons, aux formes, aux couleurs intéressantes, et c’est la fête ! De très bons souvenirs d’anniversaire « pas comme les autres » pour les enfants, qui se seront fait LEUR gâteau collectif, une merveille. En évoquant la maison appétissante d’Hansel et Gretel (mais sans la sorcière), ou celle de la Dame Tartine.

Pour l'anniversaire de Dédé, fana de plongée sous-marine...
Sinon, lancez un concours de gâteaux : chaque invité arrive avec le sien, et le tour est joué, un vrai jeu avec les gâteaux d’anniversaire, du meilleur au plus décoré, du plus original au plus moelleux,  vanillé, fruité. Vous n’aurez qu’à organiser le panel des jurés !

Alors, beaux anniversaires et joyeux gâteaux !

*Roule galette. Pris au hasard parmi mes chouchous dans les Albums du Père Castor : Cigalou, Le jamais content, la Vache orange, La plus mignonne des petites souris, ou la panthère noire… Je les ai tellement lus et relus, petite fille, puis Maman, puis Grand-mère, que je les connais tous par cœur. Je les aime tous, mais chacun des enfants à qui je les ai lus a son préféré, celui qu’il faut lire encore et encore.

lundi 14 mars 2011

Princesses et chevaliers : sexisme dans les jeux de rôle

Petit Carnaval d’une école du Sud-Ouest, avec une immense majorité de princesses chez les filles, un peu plus de variété chez les garçons, mais toujours dans une représentation bien virile (Spiderman, Zorro, chevalier). Certains parents s'en désolent :
Sur la soixantaine de petites filles de l'école, il y avait 1 indienne, 1 vache, 1 diable, 1 sorcière.... et TOUTES les autres étaient des princesses ou des fées...
Pour les garçons, il y a un peu plus de thèmes: cow-boys, pirates, chevaliers... mais surtout des hordes de Zorro et de Spiderman (spidermen ? ) : 4 par classes dans les 5 classes.
Clichés clichés clichés
et manque d’imagination des parents et des enfants le jour-même où tout est permis…*
Sois belle ma fille, sois un homme mon fils…
Le grand retour du sexisme ? Oui bien sûr. Il suffit d’aller dans une grande surface vendant des jouets : rayon tout rose pour les « jouets de filles » (j’ai eu bien du mal à trouver une poussette de poupée pas rose pour mon petit-fils), voitures, boîte à outils et trousse de docteur pour les garçons…Rue 89 a attiré sur son site de nombreuses réactions avec son article Noël, grande fête du sexisme de novembre dernier.
Combien de fois entend-on en ludothèque des mamans s’inquiétant parce que leur fils joue à la poupée ou se déguise en princesse ? Sera-t-il homosexuel si je le laisse jouer à « ça » ? Inversement on ne s’inquiète pas autant de voir une petite fille se déguiser en homme. Pourquoi ?
L’ALIF (association des ludothèques d’île de France) a produit un petit film, prétexte à réfléchir et discuter sur les Jeux de genreJe vous le conseille; vous pouvez le télécharger en vous inscrivant sur le site de l'ALIF.

Mais à quoi joue-t-on quand on se déguise ? 
On joue à être « comme un grand » (et on imite les parents, on met les chaussures à talon de sa maman, on s’empare d’un sac à main, d’un téléphone, d’une moustache postiche). Plus qu’un costume complet, on s’intéresse alors aux accessoires, parce que pour être on va faire. On fait le docteur ou la maîtresse. On prend un rôle social, le temps d’échanges avec d’autres enfants qui font comme les grands eux aussi. Il faut donc regarder le jouet mais aussi ce que l’enfant en fait. Une poupée peut rentrer dans un jeu de papa et maman (on joue à la poupée) comme dans un jeu d’école ou de docteur (on joue avec la poupée). De la même façon un enfant « au volant d’une voiture » peut être coureur automobile mais aussi maman qui accompagne ses enfants à l’école, ou part en vacances, ou docteur, ou taxi… des métiers unisexes.


On joue aussi pour s’essayer dans différents personnages, différents rôles, en laissant, le temps du jeu, libre cours à ses pulsions, ses violences, ses angoisses, ses interrogations. Jouer à dire des gros mots, à maltraiter ses poupées, à crier sur ses « élèves », à se battre, à commander royalement, à défiler comme un mannequin… et à être du sexe opposé, même si c’est « tabou » dans la famille. On est alors à fond dans son jeu mais aussi, bien souvent, en représentation. En effet, on a besoin de l’œil complice des autres, qui savent qu’on n’est pas comme ça, cruel ou maniéré en vrai
Le jeu est libre parce qu’on choisit de jouer à ceci ou à cela, mais aussi parce qu’il fixe des limites à l’intérieur desquelles on a plus de liberté que dans la vie quotidienne.

Quand on se déguise pour un Carnaval, on ne se costume pas pour jouer à être. Quand on se déguise pour une fête costumée, le jeu est différent : on joue à faire la fête ensemble et à paraître.
Ensemble implique une harmonie, un lien entre les différents costumes. Faute de suggestion des la part des enseignants, les petits de cette école se sont tournés vers la règle de jeu traditionnelle (fille en fée ou en  princesse, garçon en héro viril). On joue à un jeu d’imagination collectif, donc un tantinet conventionnel, emporté par l’imaginaire collectif, nourri de Walt Disney et de comics, plein de princesse et de super héros.

Paraître, s’avancer aux yeux de tous avec son costume, défiler, ce n’est pas du tout la même chose que de jouer comme dans un jeu symbolique. Il est donc naturel de choisir un déguisement qui vous met en valeur, et qui est facilement compris par tous.
Fabienne, directrice d’école maternelle, annonce un Carnaval sur le thème des pirates. Il faudra faire un petit effort (effort ?) d’imagination pour les filles, mais, comme souvent dans la création, la contrainte est un moteur, les idées vont fuser. Et il faudra bien inventer puisque le costume de pirate fille n’est pas dans les magasins. Et chacun, fille ou garçon, aura à cœur d’avoir  un costume original, amusant, inventif… Tous ceux d’entre nous qui aiment se costumer savent bien que c’est beaucoup plus facile quand il y a un thème, un prétexte, une ambiance particulière.
Ceux qui lancent l’idée des costumes, et du jeu de déguisement, il leur faudra « déguiser » les lieux aussi, mettre en avant des accessoires nouveaux, aménager les lieux autrement pour maintenir l’envie de jeu.
Une idée pas chère et pas compliquée à faire : pour une fête d’école sur le thème de l’eau, nous avions découpé des lanières de sacs poubelles bleues, grises ou vertes, qui pendaient du plafond dans l’entrée de l’école : on arrivait dans un univers d’algues marines… Une petite musique aquatiques avec ça, et ça y était, tout le monde, parents et enfants, savait que le jeu était commencé !

Je peste parfois quand je vois les costumes des tout petits dans des catalogues : coccinelle, abeille ou fraise. Mais comment joue-t-on à la fraise ? Ce sont de costumes pour faire plaisir à sa maman, (et pourquoi pas ? mais c’est elle qui joue, d’accord ?) pour être mignon, 
comme les princesse sont belles et beaux les Zorro.


Et si c'était important dans la construction de soi, dans l'estime de soi ?

* En Martinique, il y a un jour du Carnaval , le lundi, où les hommes se costument en fille set les filles en garçons.
Lire à ce sujet The pink princess parenting nightmare, conseillé par Cécile.

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