mercredi 31 août 2016

Décors sur corps, jeux de peinture

Poupées tatouées, par Mimi Kirchner, Boston
Avec les chaleurs de l’été, les corps se découvrent et les tatouages se montrent au grand jour. Tous ces corps illustrés que l’on croise au soleil, affirmant ainsi leur singularité autant que leur conformisme ! Arborés avec fierté, ils le sont bien moins souvent avec humour. Tout de même, j’aime bien ce culot, cette impertinence avec laquelle chacun, chacune, dispose de son corps comme il l’entend, sans souci du qu’en-dira-t-on ni du temps qui passe. Du temps futur qui flétrira les jolies peaux et fera faire aux tatouages de piteuses grimaces, qui rendra les messages caducs et les coeurs déchirés, du temps passé aussi, honteux passé, où l’on tatouait les hommes et les femmes comme esclaves ou comme prisonniers. 


Tatooman de Mimi Kirchner

Mais pourquoi faut-il qu’ils soient définitifs, ces tatouages ? Éphémères, ils gagneraient en liberté, en couleurs éclatantes, en gaieté. La peinture ou le maquillage remplaçant les encres, dessiner sur le corps devient un jeu. Un jeu, je vous le rappelle, ça a des limites dans le temps (Comme l’ont dit Huizinga, Caillois, Henriot, Duflo, etc.), donc tatouer n’est pas un jeu mais peindre sur le corps oui…

Atelier peinture avec des enfants en été : très vite on enlève les tabliers qui tiennent trop chaud, très vite les mains sont recouvertes de gouache, puis le bras, ou le nombril, c’est selon…
Paquet bonheur 2014
Mais ça ne fait pas toujours sourire les adultes, on dirait que ça ne se fait pas de jouer avec son corps, c’est comme avec la nourriture…On se salit ? la belle affaire, une bonne douche et c’est parti…Si c’est l’idée de la gouache sur la peau qui déplait (gare aux allergies, bien sûr), il existe des peintures exprès pour se peindre dans le bain (Crayola), ou de joyeuses recettes à base de mousse à raser, mais si c’est permis, balisé, c’est un peu moins drôle.

Maquillades-magiques.ch
Dans les crèches on voit souvent des fresques où chaque petit a laissé la trace de ses mains pleines de peinture. Plus rarement on y met les pieds, ou tout le corps, à la façon du peintre  Yves Klein qui enduisait son modèle de peinture, pour en laisser la trace sur sa toile (Anthropométrie, 1960). Mieux que l'oeuvre affichée, les enfants retiendront le plaisir de ces badigeonnages sur leur propre peau.

Les artistes de Body-painting jouent avec des corps nus, qu’ils habillent de peinture, ou métamorphosent en arbres ou rochers. 
En bord de Marne, en 1952, on pouvait ainsi rencontrer un phoque dessiné sur un genou, deux pieds amoureux, une nuée d'oiseaux… peintures pour rire, les pieds dans l'eau. Les marionnettes ne sont pas loin.
Archives de l'INA. 1952. 


Rien ne vaut pour moi  la peinture sur les mains façon Animani, de Mario Mariotti. Cet artiste italien (1936-1997), publie son premier album de mains peintes, représentant toutes sortes d’animaux en 1980, puis un autre album en 1985, Umani, plein d’artistes et de sportifs. Magique !

Mario Maiotti et sa fille