dimanche 28 septembre 2014

Poupées d'artistes


Sasha Morgenthaler, Elisabeth Pongratz, Annette Himstedt, Beatrix Bohony


Beatrix Bohony,  artiste hongroise, auteur des jeux Marbushka, vient de  créer sa première poupée, Emma. Rangée dans un coffret noué d’un ruban doré, Emma, habillée d’un élégant manteau d’une jolie robe et d’une écharpe, est accompagnée de son petit chien en bois. Elle a sous le bras le premier numéro d’Emmagazine, une mini brochure qui montre, à la façon d’un magazine de mode, les différentes tenues qu’on peut se procurer séparément.

Tête et cou en bois, corps en tissu, aux antipodes de Barbie, c’est une poupée mannequin, dont on peut varier les toilettes.
Chaque poupée est unique, visage peint à la main, et précieuse, raffinée dans les moindres détails, attachante.
Des petites filles très chanceuses l’adopteront et s’en feront une compagne de jeu, mais aussi les  adultes, collectionneurs et collectionneuses de poupées, qui vont se régaler.

Les premières poupées d’artiste que j’ai connues, c’étaient les poupées Sasha. Sasha Morgenthaler est une artiste suisse du XXème siècle,  qui a créé ses premières poupées dans les années 1920. Elles ont un teint mat et une expression grave qui les caractérisent. Les enfants confient toutes sortes de choses sérieuses à leur poupée, expliquait-elle, alors leur poupée ne peut pas sembler futile ou une trop joyeuse.  


Les poupées de Sacha Morgenthaler (1893-1975)       Sasha dolls, 1999, Benteli Verlag, Bern,

S’adressant aux enfants du monde entier, Sasha Morgenthaler avait l’art de donner à chacun une personnalité, malgré une expression neutre, et une carnation très éloignée des poupées « blanches » de l’époque. Dès qu’elle a trouvé des industriels capables de reproduite assez fidèlement ses poupées, elle a donné à deux fabricants, l’un en Allemagne, l’autre en Angleterre, l’autorisation de fabriquer ses poupées en usine, pour les rendre accessibles à tous les enfants. Ceux qui ont eu des poupées Sasha, dans mon entourage, ont plus ou moins abandonné leurs autres poupées… Tandis que les adultes commençaient leurs collections. Des usines, sortaient aussi des éditions limitées, parfois numérotées, juste pour les collectionneurs.

Au Salon du Jouet de Nuremberg, il y a plusieurs allées consacrées aux créateurs -souvent créatrices - de poupées. On passait dans ces allées comme dans un musée.


Kaschmiri, Annette Himstedt 2008
J’ai  découvert là Annette Himstedt et ses poupées très réalistes et très émouvantes. Presque grandeur nature, habillées de vrais vêtements d’enfants, ces poupées en vinyle étaient souvent achetées par des adultes, comme des œuvres d’art, ou comme objets décoratifs pour leur maison. Il y a un petit garçon que j’aime beaucoup – création d’Annette Helmstedt - assis sur un fauteuil chez une de mes amis. Il ne dit rien, il ne bouge pas, mais quelle présence !

Mes poupées préférées sont signées Elisabeth Pongratz.


Ma petite Margot, Elisabeth Pongratz 1990, photo Brieuc
Elles ont une tête en bois, un corps de bois et de chiffon, et de jolis vêtements tricotés à la main comme dans les années 70 - 80. Tous ces enfants, petites filles, petits garçons, bébés, sont uniques, peints avec une grande délicatesse, et me touchent beaucoup.  Les bébés sont  particulièrement troublants parce qu’ils ne tiennent pas très bien leur tête, comme de vrais petits bébés,  et chacun retrouve en les prenant dans la main (ils sont bien plus petits que des bébés pourtant),  les gestes délicats que l’on a quand on porte un tout petit enfant. Un jour, on m’a offert un bébé d’Elisabeth Pongratz, le petit avec la grenouillère bleu marine,  et toute la famille était si attendrie devant ce merveilleux bébé que mon petit dernier de 4 ans s’est senti menacé et, jaloux, l’a caché, bien caché, sous les coussins du salon.

Étonnantes émotions ressenties devant des poupées, à la fois comme devant des œuvres d’art, et comme de vrais enfants…


Photo extraite du calendrier 2014
Chaque année édition d'un calendrier,  12 photos format carte postale, ici 1996