Affichage des articles dont le libellé est biodégradable. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est biodégradable. Afficher tous les articles

mercredi 27 novembre 2013

Ecoconception des jouets, en écho au colloque WECF




Tel était le titre de ce colloque organisé par WECF le 15 novembre dernier.
Et les angles d’attaque annoncés :
-comprendre les enjeux et pratiques de l’éco-conception
-répondre aux consommateurs en demande de jouets sains
-l’éco-conception, une nouvelle voie stratégique pour les fabricants et les distributeurs
-les nouveaux matériaux écologiques des jouets

En fait, lors de cette journée, il y avait beaucoup de participants, des intervenants très divers, dont plusieurs membres de l'ALF et de l'ALIF (association des ludothèques), beaucoup de propos intéressants échangés, un grand désir général d'amélioration de la conception des jouets, et plus globalement de notre qualité de vie, néanmoins il me semble que ce qui était annoncé n’a pas toujours été vraiment abordé. D’où pour ma part une petite frustration, mais c’est qu’un jour ne suffisait pas, tant ces questions sont tentaculaires.

Les nouveaux matériaux

Laurent Delbreilh, chercheur physicien de L’ENSCI, a présenté les recherches  de son laboratoire sur les PLA (L’acide polylactique) et souligné les limites d’un « Bio plastique», «encore trop cassant, fragile, auquel il faut donc ajouter un additif, mais les chercheurs rencontrent des difficultés pour qu’il ne devienne pas mauvais au bout de 2 ou 3 ans, période à laquelle les molécules vont devenir volatiles». De plus, dit-ill’acide polylactique (polymère entièrement biodégradable) est souvent obtenu à partir d'amidon de maïs, dont on s’aperçoit qu’il s’agit de maïs transgénique, ce qui pose d'autres questions environnementales. 


La recherche avance (fibres de verre, fibres de lin, coton, chanvre), mais en attendant le plastique règne toujours, accompagné maintenant de tous les composants électroniques (Ah! les tablettes pour les tout petits !). 


Plan Toys
C’est une description idyllique qui nous a été faite de cette entreprise thaïlandaise, une usine où l’énergie permettant de faire vivre les 10000 familles qui y travaillent est entièrement fournie par le recyclage des déchets de fabrication. Les plantations d’Hévéa, lorsqu’elles ne produisent plus de latex, sont habituellement détruites par le feu. Plan Toys utilise le bois de ces arbres devenus improductifs. J’en avais parlé l’an dernier après avoir découvert ce nouveau matériau sur le stand de Plan Toys à Maison et Objet. Il était clairement expliqué que Plan Toys fabriquait une pâte à avec les racines broyées.

Admirative de cette trouvaille, j'ai demandé pourquoi une société si exemplaire et soucieuse de l’écologie mondiale n’échange-t-elle pas son savoir faire, avec ce nouveau matériau à base de racines d’hévéa. Il m’a été répondu qu’en aucun cas on n’utilisait les racines pour cette pâte de bois, mais seulement la sciure des planches. (Ah bon, alors toute la communication de l'année dernière, c'était du blabla ?) Et par ailleurs la colle ou le lien, c’est un secret bien gardé. (Dommage, je pensais qu'on pouvait partager, oui, comme les logiciels libres ! On est éco citoyen ou on ne l’est pas) 
J’ai posé une autre question : Pourquoi Plan Toys, dont les jouets sont remarquablement dessinés, ne met-il pas le nom des auteurs sur les boites de jouets ? Parce ce que ce sont des créations collectives, a dit Alain Pineau, pourtant designer lui-même. Déception : quand donc les créateurs de jouets seront-ils reconnus comme les illustrateurs ou les écrivains ? Pour les boites de jeu, cela vient peu à peu. Pour les jouets, seuls Naef et Ambi Toys le faisaient, mais le font-ils encore ?
(A la pause, Stéphanie Dick, créatrice, est venue me remercier pour cette intervention, et cela m’a fait doublement plaisir de la voir).
Bref ! Tandis que les yeux de l’assistance pétillaient à la pensée de cette entreprise éco systémique de rêve, je me renfrognais dans mon coin, mon enthousiasme de l’année dernière un peu émoussé !

De même pour Vulli, présenté par Guillaume Baradel. Dans le cadre d’un tel colloque, avec des personnes averties, il aurait été plus intéressant de nous expliquer quels problèmes de fabrication la girafe Sophie avait rencontrés, et comment la société Vulli y avait fait face, plutôt que d’affirmer sans nuance que c’était le seul jouet en caoutchouc naturel, d’où son succès… Et le caoutchouc, au fait, il vient d’où ?


Les labels
Les consommateurs –nous aussi- sont perdus dans une foule de labels. Certains sont orientés sur les matériaux utilisés, d’autres sur l'éco-fonctionnement des entreprises, d’autres sur la qualité ludique de l’objet. 

Un projet écolabel est en cours, mais se heurte à de grandes difficultés du fait de l’étendue du sujet. 

Au Grenelle de l’environnement, qui réunissait une vingtaine d’entreprises, il n’y avait que 2 entreprises  de jouets. Peut-être n’y a-t-il pas lieu de faire un écolabel spécifique au jouet. Les substances cancérigènes, les perturbateurs endocriniens, les produits allergisants, sont à éviter partout. Et le développement durable à mettre en œuvre dans toutes les usines.



Risques et réglementation
Au fur et à mesure de l’évolution des connaissances sur les matériaux toxiques, et des l’invention de nouvelles technologies, les règlementation doivent évoluer. Un casse-tête pour les législateurs autant que pour les fabricants. Il faudrait, quand on conçoit un jouet, anticiper sur les découvertes qui vont être faites, mais de l‘idée d’un jouet à sa sortie sur le marché il se passe environ 2 ans : à peine sorti, à peine rejeté ?… D’après Patricia Blanc, du ministère de l’écologie, la priorité a été donnée en 2012 au contrôle des métaux lourds et des phtalates. Environ 300 jouets testés par ses services, mais comme en juillet 2013 les normes chimiques ont changé, faudra-t-il à nouveau tester ces jouets en 2014 ?

Et comment apprécier le risque quand on ne sait pas combien de temps l’utilisateur est exposé aux substances toxiques ? Une étude de l’ANSES, qui étudie l’impact de l’environnement sur la santé, est en cours. Il s’agit d’évaluer le temps passé avec tel ou tel jouet dans la journée d’un enfant type. Une autre, menée par l’ADEME et la FIDJ, établit une base de données, avec le cycle de vie des jouets en plastique, en bois et en caoutchouc. Mais il y a tant de jouets, lesquels choisir pour ces panels ? 

Ces études aboutiront-elles à de nouvelles règlementations ? De nouveaux labels ?
Comprendre les enjeux, s’y retrouver dans les recherches des chimistes, s’informer quand on est créateur (et financer les tests en laboratoire !), informer les consommateurs, rien n’est simple. 

WECF a édité un certain nombre de petits livrets d’information, sur les produits ménagers, les cosmétiques de bébés, les vêtements d’enfants… et sur les jouets. Ils ont le mérite d'exister, cependant j’y ai relevé une information erronée concernant les poupées (confirmation de Serge Milon, du laboratoire SGS, intervenant dans une des tables rondes, aussitôt consulté) : «Attention aux poupées miniatures, elles ont considérées come des articles de décoration, les limites fixées par la règlementation jouets n’y sont pas applicables». C’est une erreur, seules les poupées de collection et poupées folkloriques sont exclues de la nomenclature Jouets. Juste pour dire comme c'est compliqué de s'y retrouver…

Un conseil général à retenir, en tout cas : aérez les jouets, sortez les des boites et lavez les avant utilisation par les petits enfants. Conseil judicieux mais pas simple à appliquer en décembre. Où le Père Noël va-il faire sécher ses jouets avant de les ré-emballer dans du papier cadeau recyclé ?