vendredi 22 janvier 2010

Au Salon Maison et Objet









Vendredi



J’ai rencontré une créatrice qui  expose des tableaux dans l’espace Univers d’enfant, Soizic Gililbert. J’aime bien ce qu’elle fait, c’est dans la même veine que ce que fait Lola Gavarry, ma Lola. Je suis allée sur son blog et j’ai trouvé un dessin intitulé  « le Père Noël n’existe pas »…

Ce n’est pas le dessin que je préfère, mais cela m’a touchée, forcément.


Voilà quelques créations de Lola.







Ouf ! Cela nous fait du bien par rapport à beaucoup d’illustrations mièvres ou  conventionnelles aperçues une fois de plus sur le Salon. Continuez, les filles !


Samedi :


Mon ami Franck m'a fait découvrit les porteurs Plasmacar. On avance en bougeant le volant, et on peut monter dessus qu'on soit enfant ou adulte. Je les mettrais bien dans la collection AETRE.

Dimanche :



Cette fois c'est Françoise qui m'a emmenée découvrir les créations pleines de finesse de Karen. Sur le stand de Polkadot, il y a des rubans pour attacher doudous, tétines... et serviettes de table autour du cou. On trouve aussi de jolis tissus thermocollants pour raccommoder coudes et genoux en beauté, et des poches à coller sur les vêtements. J'aimerais bien une poche en longueur pour pouvoir coller mes lunettes sur tous mes habits.



Lundi :


Le retour des jouets Ambi Toys, voilà la bonne nouvelle du jour. Fabriqués aux Pays Bas dans les années 70-80, ces jouets étaient réalisés dans un plastique de très belle qualité, et  étaient surtout dessinés par de grands designers, Simon Gompes et Patrick Rylands, notamment. Comme un auteur sur le livre qu’il a conçu, le designer était nommé sur chaque boîte de jouet, ce qui est encore très rare aujourd’hui. Ambi toys était celui qui reconnaissait enfin aux créateurs de jouets un statut d’auteur, et qui apportait aux jouets en plastique leurs lettres de noblesse –beauté, solidité, esprit ludique. J’aimais particulièrement  Magic man, qui se tient en équilibre sur une grosse boule et jamais ne se couche, comme un culbuto,  la maman canard, jouet de bain, avec ses petits qui peuvent tous se cacher sur son dos, et le hochet jumeaux, formé de deux soleils comme deux engrenages qui tournent l’un autour de l’autre, sans qu’on n‘aperçoive aucun mécanisme. Je les avais achetés « pour quand je serai grand-mère » et gardés précieusement en apprenant que le fabricant hollandais avait vendu la marque à Brio, qui n’entendait pas continuer tous les modèles.
Je les retrouve sur le Salon, rachetés et/ou bientôt réédités en Italie par Carlo Basso, un « grand» du jouet, et distribués en France par Eric Chenot. Merci Carlo.

Mardi : Dernier jour de Salon. Je suis allée aussi visiter le Salon du Jouet et du Jeu à la Villette. je l'ai trouvé très triste, c'est ennuyeux pour un salon du jouet ! même le stand de l'ALF était tristounet. Je n' ai vu que des ludothécaires dans les allées et sur les stands, aucun acheteur de magasin... . Il faudrait peut-être repenser ce Salon en direction des collectivités, avec des conférenciers qui leur fassent découvrir le jeu.
En fait, les directeurs de magasins de jouets, ils attendent leur représentants bien au chaud derrière leur comptoir, alors que les "boutiquiers" aiment fouiner à Maison et Objet et avoir l'impression de trouver les produits tout seuls. En revanche, quand ils ont adopté un commercial, comme Philippe pour Aêtre, ils viennent dire bonjour mais ne passent pas de commande sur le stand. "Tu viendras nous voir, Philippe, je te ferai un petit café" est le leitmotiv ! Heureusement que de nouveaux fouineurs prennent le relais !


J'ai trouvé de jolis carnets de bébé édités dans la région bordelaise : rien de pré-écrit, pré-mâché, quel bonheur, juste des pages blanches pour noter ce qu'on veut, la première dent ou la nuit où il a enfin dormi de 20h à 7h du matin, ou le mot d'enfant qu'on ne veut pas oublier !

samedi 16 janvier 2010

Le temps des Salons




À peine les fêtes de Noël passées, les professionnels du jouet vont remplir leur hotte de nouveautés.
À Paris,  se tiennent, fin janvier, presque en même temps, le Salon du Jouet et le Salon Maison et Objet. Ce ne sont pas des salons ouverts au public, il faut pour y entrer monter patte blanche, SIRET, Kbis et autres références.

Le Salon du Jouet et du jeu de Paris, appelé un temps Univers d’enfants, se tient depuis l’année dernière à La Villette. Déserté par les grandes entreprises de jouets, notamment à cause de la proximité du salon de Nuremberg, il devient à mon sens plus intéressant pour les dénicheurs et autres curieux du jeu. On en fera sans doute vite le tour, sauf si on prend le temps de traîner sur les stands des petits créateurs, de jouer chez Oya, Gigamic ou Asmodée, de rencontrer des auteurs de jeu,  de découvrir les nouveautés d’Haba, de s’attarder comme au zoo sur le stand  Schleich.



Schleich est le fabricant des Schtroumpfs et d’une collection d’animaux  en plastique mat et souple très réalistes et de très belle qualité. Au fait, les animaux Schleich sont-ils fabriqués en Allemagne ou en Chine ? Il paraît que ceux qui sont vendus en Allemagne sont fabriqués en Allemagne, et que le reste de l’Europe n’a droit qu’aux produits de Chine. La différence ne se voit pas toujours à l’œil nu…


Le Salon Maison et Objet est beaucoup plus important, et de renommée internationale. Il se tient à Villepinte Paris Nord en janvier et septembre.  C’est un immense Salon du cadeau, avec des meubles, des textiles, de la vaisselle, des gadgets, des créations artisanales, des pièces uniques, et un espace « Univers d’enfants » où exposent des éditeurs de jouets - en bois, en textile,  en carton  plus qu’en plastique – comme Djeco, Trousselier, Vilac… et AETRE ! 




N’expose pas qui veut à Maison et Objet,  il faut  présenter sa collection à un jury, être parrainé, et la liste d’attente est longue, car c’est un Salon réputé pour la qualité et créativité des produits présentés. Les acheteurs y font leur sélection, les artistes, les créateurs, et la presse viennent y sentir les « tendances ». Du coup, pour qui a un stand à Maison et Objet, il est conseillé de présenter deux fois par an des nouveautés . Deux fois par an, ça revient vite, quand on est éditeur ! Et  renouveler sa collection à ce rythme, c’est  vraiment difficile.
D’autant que le Salon du Jouet de Nuremberg a lieu, lui, début février. Les entreprises allemandes attendent ce Salon pour montrer leurs nouveautés. Pas question de dévoiler sur le stand de leur distributeur en France les surprises qu’ils réservent à leurs clients de Nuremberg.  Et malheureusement pour les dénicheurs, il faudra attendre le Salon Maison et Objet de septembre pour montrer les trouvailles de Nuremberg à leurs clients.


Le Salon de Nuremberg est le plus important Salon du Jouet au Monde. On vient de fêter ses 60 ans, et pour ma part j’y suis allée une trentaine de fois.

Depuis le Moyen âge on fabrique des jouets réputés à Nuremberg . poupées, jouets en bois, puis jouets métalliques, petits trains notamment, dominent le marché mondial pendant longtemps.

Mais Cela me fait frissonner de penser qu’un Salon du Jouet a été créé  à Nuremberg  en 49, si peu de temps après le procès des Nazis (1945-46)… Peut-être le jeu  a-t-il sa place là où l’horreur est trop insupportable ? Pour nous aider à lutter contre l’angoisse ? 
La réalité est malheureusement plus prosaïque,  la vie continue, commerce en tête. Après la guerre, Nuremberg se trouve sous la coupe américaine, et  l’industrie du jouet reprend, florissante, à destination exclusivement des Etats Unis. Un beau marché. La coupure de l’Allemagne en deux en 1949 sera sans doute une aubaine pour le  Salon  du Jouet de Nuremberg. Auparavant Leipzig et Nuremberg se partageait le marché du jouet, avec la frontière Est-Ouest, Nuremberg devient LA capitale du jouet.

Pour en savoir plus sur l’histoire de Nuremberg, consulter le site du Musée du Jouet, un joli bâtiment, reconstruit au cœur de l’ancienne ville. A visiter absolument, si on s’intéresse aux jouets, même si on a arpenté le Salon toute la journée et qu’on en a plein les pattes !

dimanche 10 janvier 2010

Les normes européennes de sécurité pour les jouets ont 20 ans.

Oui, j’arrive après la bataille, c’est avant Noël que tous les ans la presse nous concocte 5 ou 6 articles censés nous informer et nous aider à bien choisir les jouets, en mélangeant trop souvent sécurité et éthique, Chine, travail des enfants, accidents domestiques et profit.


C’est en 1989 que l’Europe s’est décidée à établir des normes communes à tous les pays européens en ce qui concerne les jouets. Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans… L’Europe en ce temps-là, comptait 12 membres :   l’Allemagne, la Belgique, le Danemark, la France, la Grèce, l’Irlande, l’Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, et 2 nouveaux arrivés en 1986,  l’Espagne et le Portugal.
Chaque pays avait auparavant ses règlementations propres, c’était donc un casse-tête de faire circuler des produits d’un pays à l'autre, car il fallait adapter l’étiquetage aux règles de chaque pays.* Et, derrière l’étiquetage, avoir les mêmes critères de qualité et de sécurité.
À l’époque, des accidents graves avaient sensibilisé l’opinion publique à la nécessité d’établir une réglementation : doigts sectionnés avec des mécanismes de poussettes de poupée mal étudiés, brûlures graves avec des peluches qui s’étaient enflammées comme des torches, étouffements avec des objets en mousse gonflant dans la gorge comme une éponge…
Les normes furent donc bien accueillies par tous, même si elles représentaient pour les professionnels des difficultés de mise en place et de compréhension, d’autant qu’il fallait les interpréter et les assimiler en une dizaine de langues.
Les normes européennes de sécurité pour les jouets se résument en trois points essentiels :
EN71. 1 : propriétés mécaniques et physiques.
EN71.2 : inflammabilité
EN71.3 : migration de certains éléments, autrement dit propriétés chimiques.

 Auxquels s’ajouteront des éléments spécifiques à certains jouets :
NF EN 71-4 (novembre 2003) : coffrets d’expériences chimiques.
NF EN 71-5 (mars 2006) : jeux chimiques (coffrets) autres que les coffrets d’expériences chimiques et d’activités connexes.
NF EN 71-7 (décembre 2002) : peintures au doigt.
NF EN 71-8 (mars 2006) : toboggans, balançoires et jeux similaires à usage domestique

Ces normes concernent tous les jouets, à l’exception de certaines catégories qui échappent aux réglementations (ornements de Noël, modèles réduits, équipements sportifs, feux d'artifice, fléchettes, poupées de collection,...). Je n’ai jamais compris comment on pouvait considérer que  ces jouets-là ne sont pas concernés par la loi, d’autant qu’ils sont pour la plupart réputés dangereux (« en raison des mesures particulières de surveillance requises pour leur utilisation par des enfants » dit le texte). 

Selon les textes européens, on entend par jouet tout produit conçu ou manifestement destiné à être utilisé à des fins de jeux par des enfants d'un âge inférieur à 14 ans.

Hors ces exceptions, tout jouet mis sur le marché européen doit être conforme aux normes EN71, tests à l’appui, et le logo CE doit être apposé, soit moulé dans le plastique du jouet, soit imprimé sur une étiquette ou sur la boîte. Il est exclu de trouver dans un magasin spécialisé un jouet qui ne porterait pas le logo CE, qui donc ne serait pas « conforme ». C‘est une garantie pour le consommateur, qui est invité à garder les références de la société qui a mis le produit sur le marché européen et a pu apposer le logo CE. Si je n’imagine pas que les particuliers gardent dans un tiroir les coordonnées de tous les fabricants de jouets, j’invite les professionnels à le faire, cela peut leur être utile en cas d’accident.

Evidemment le CE peut avoir été apposé de manière systématique, sans tests préalables, l’usine d’origine peut avoir modifié quelque chose dans la production sans en avertir le distributeur et donc sans que de nouveaux tests soient faits, etc. C’est comme ça que chaque année on entend parler de produits que telle ou telle enseigne a dû rapatrier d’urgence, comme Mattel en 2007. Le fait que ces jouets aient été retirés du marché  est plutôt rassurant : les services des fraudes et autres douaniers veillent au respect des normes. Certaines entreprises éprouvent le besoin de répondre aux angoisses des consommateurs en précisant que leurs jouets sont conformes aux normes CE, c’est à la limite de la légalité, car cela sous-entendrait que les autres, portant aussi le logo CE, ne le sont pas…

Il faut quand même penser que le logo CE, marque de conformité aux normes européennes de  sécurité, ne s’applique pas qu’aux jouets. J’ai ainsi vendu dans les accessoires de déguisement pour « jouer à être » un gyrophare de petite taille, fonctionnant avec des piles, que l’enfant pouvait poser sur son vélo ou sur son camion pour jouer au pompier. Le CE était gravé dans la glissière protégeant les piles. Mais en regardant de plus près les certificats fournis par le fabricant, je me suis aperçue du fait que cet objet « destiné à être utilisé à des fins de jeux par des enfants » selon moi, était considéré par le fabricant comme un membre de la famille des luminaires, et que le CE garantissait qu’il était conforme aux normes des objets à fin d’éclairage. (Il n’était pas dangereux pour autant, car les piles inaccessibles…)

Jouet ou pas jouet, parfois la nuance est subtile. On trouve quelquefois des jouets portant  la mention : « ceci n’est pas un jouet ». C’est soit que le produit n’est pas conforme aux normes jouets (c’est le cas de nombreux jouets métalliques, souvent fabriqués dans les pays de l’Europe de l’Est, susceptibles d’être coupants), soit que le distributeur n’a pas l’intention d’investir dans des tests qui coûtent cher pour une poignée de produits.

Les tests coûtent très cher en effet, car ils doivent répondre à des tractions, pressions, analyses chimiques diverses qui ne peuvent être faites qu’en laboratoire. Tout doit être analysé, par exemple pour un jouet textile, les différents tissus, le fil, la fermeture « éclair », la doublure, le molleton, le coton perlé des broderies… Si l’éditeur souhaite décliner une gamme en toutes sortes de couleurs, cela va augmenter son coût de fabrication de manière significative. Dans le cas où le produits sont fabriqués par dizaines de milliers, cela devient quantité négligeable, mais c’est certainement un frein à la créativité pour les petites entreprises qui produisent de petites quantités.

La norme EN71. 1 : propriétés mécaniques et physiques.
Il s’agit d’éviter de se blesser avec une pointe, un crochet métallique, une écharde s’il s’agit de jouet en bois. C’est ainsi que les petits crochets, l’un « mâle », l’autre « femelle », des petits trains en bois sont souvent remplacés par des aimants.

C’est dans la norme EN71.1 qu’intervient la recommandation « ne convient pas à un enfant de moins de 36 mois ». Les moins de 3 ans, expérimentent en mettant ce qui les intéresse à la bouche, il faut éviter de laisser à leur portée des objets susceptibles d’être avalés, provoquant éventuellement étouffement ou blessures internes.
J’espère ne pas passer pour irresponsable et rassurer les parents en précisant qu’une petite perle, pas plus qu’un noyau de cerise, ne fera de mal à un petit qui l’avalerait.
Benoit avait fouillé le sac de sa maman, et avalé une pièce de 1 franc. Affolement, radios (ça fait gros une pièce de 1 franc par rapport à un estomac de 2 ans !), et puis la pièce est ressortie « par les voies naturelles ». Commentaire du petit Benoit, intrigué par tant de ramdam : « Pourquoi toutes ces histoires, il y en a encore plein dans ton porte-monnaie ».
Malheureusement tout ne se passe pas toujours aussi bien. Il faut donc être attentif à ne pas laisser traîner les jouets des grands, les Playmobil par exemple, là où jouent les petits.

Pour apprécier si un objet est « petit » ou « conforme », il existe un outil appelé cylindre de sécurité, qui représente le gosier d’un enfant de moins de 36 mois. C’est un cylindre tronqué aux dimensions très précises. Si l’objet entre en entier dans le cylindre, il faut éviter le contact avec les moins de 3 ans. S’il dépasse, c’est bon. Si c’est un objet compressible, en textile par exemple, il faut voir si, une fois tassé, il rentre ou non dans le cylindre. Attention notamment aux objets contenant de petits aimants : s’ils peuvent être accessibles ou se détacher, ils représentent un réel danger pour qui les avalerait. Se procurer ce cylindre quand on n’est pas professionnel n’est pas facile, la partie cartonnée d’un rouleau de « sopalin » peut être utilisée comme cylindre test, bien que le diamètre soit légèrement plus grand (diamètre 3,17cm, hauteur 5,71 cm). 

J’ai envie aussi de vous parler de la longueur des cordons, norme qui m’a donné du fil à retordre quand j’ai conçu le sac cheval de AETRE. Il est dit, en effet, que pour éviter des risques de strangulation les cordelettes ne doivent pas dépasser 22 cm. Pour voir ce que ça fait, 22 cm, pensez que c’est la largeur du papier A4. La queue de mon cheval AETRE est plus longue que ça, du coup les fabricants, tout chinois qu’ils étaient, refusaient de me fabriquer ce jouet « non conforme » et il a fallu que je leur prouve que cette norme ne s’applique qu’au moins de 3 ans et que le cheval est conçu pour les plus de 3 ans pour qu’ils acceptent de lancer la fabrication. 


Mais donc la cordelette de 21,9 cm, pour tirer derrière soi un chien ou un cheval, même quand on est haut comme 3 pommes, ce n’est pas très pratique… Quelquefois on voit des objets à tirer avec une petite ficelle ridicule, et on se demande si le fabricant a déjà vu un enfant… Souvent on trouve des jouets « à tirer » sans ficelle du tout, mais avec un crochet ou un trou dans le bois prévu pour mettre une cordelette : à vous, les parents, les éducateurs, de mettre une grande ficelle, ce sera sous votre responsabilité ! Sinon le fabricant devrait indiquer pour un tel jouet, auquel on joue quand on commence à marcher, entre 18 et 24 mois en général, qu’il ne convient pas au moins de 36 mois, avec le logo attitré.
Pour la norme EN71.2 : inflammabilité, vous pouvez vous amuser à approcher un briquet d’une peluche, si le feu prend avec de grandes flammes, il y a danger (on s’en doutait). Il faut être vigilant avec les déguisements et  les jouets dans lesquels on « rentre ». La norme d’inflammabilité leur est appliquée avec encore plus de rigueur. Mais il vaut mieux ne pas mettre de bougies à proximité des enfants déguisés. Car si un objet que vous avez dans les mains s’enflamme, hop ! , vous avez le réflexe de le jeter, mais si vous êtes "dedans" ?
Norme EN71.3 : migration de certains éléments, autrement dit propriétés chimiques.  N’ayant pas de laboratoire pour analyser les quantités de plomb, de bromure et autres substances indésirables, nous sommes en général obligés de nous fier au CE. Au fur et à mesure des recherches et découvertes, certains produits sont relégués aux oubliettes, comme la Celluloïd des poupées de mon enfance (remplaçant la porcelaine trop fragile et trop lourde)  ou le plomb des petits soldats. Il y a quelques années, le monde du jouet a subi d’ardentes campagnes anti phtalates, une substance contenue dans certains PVC et qui, mélangée à la salive, serait cancérigène. Les poupées Barbie contenaient des phtalates, qui ont la propriété de rendre le PVC souple, je crois. Maintenant Mattel a changé la composition de son plastique. De toute façon, les Barbie ne sont pas destinées à être mises dans la bouche régulièrement ! Il s’agit surtout d’interdire ces substances dans les hochets de dentition, tétines et jouets « couineurs » .

À propos de jouets couineurs, de nouvelles normes régularisant le nombre de décibels autorisés dans un « pouet pouet » ou « coin coin » sont maintenant fixées. Les fabricants ont 2 ans pour mettre leurs jouets en conformité. On imagine le raffut dans les laboratoires ! Les normes ont 20 ans, mais ne cessent d'évoluer.

samedi 2 janvier 2010

Tirer les rois, le jeu du mois de janvier


Aux alentours du 6 janvier, on tire les rois. Comme on est, encore, dans la phase sombre de l’année, en manque de soleil, on les fête, avec une galette ronde, chaude et dorée, directement inspirée des fêtes de Mythra, le dieu soleil.

Le jour des rois, Gaspard, Melchior et Balthazar sont enfin arrivés jusqu’à l’Étoile. Le jour des rois, on se réunit pour jouer à se partager le soleil et désigner un roi.
C’est depuis bien longtemps un moment d’échange entre groupes sociaux, où riches et pauvres, puissants et subordonnés peuvent troquer, un temps, leurs rôles. L’enfant, qui est le roi depuis la fête de Noël, passe sous la table, et devient celui qui désigne le roi. Le plus petit de tous est chargé de dire qui va porter la couronne.  C’est à sa main « innocente » que le roi ou la reine devront leur heure de gloire, « innocente » comme celles des « innocents » suspectés de voler sa couronne à Hérode, et massacrés pour cela.

Il se cache sous la table et quelqu’un au-dessus de sa tête découpe la galette, puis montrant une part du gâteau, demande « Pour qui celle-là ? ». L’enfant nomme son père ou sa mère, ou un autre membre de la famille, dont il ne voit que les pieds. Autour de la table, les joueurs attendent que leur part leur soit attribuée, cherchant à reconnaître la boursoufflure, la bosse, la craquelure, peut-être dues à la présence de la fève. On ne mordra pas dans la pâte tant que tout le monde ne sera pas servi, mais des yeux on cherche déjà à deviner où se trouve l’objet magique. « Pour qui celle-là ? » - « Pourvu qu’il ne m’oublie pas, pourvu que j’aie la fève », ou, devenu grand  - « Pourvu que je ne l’aie pas » (soit par timidité, n’aimant pas à être sous le projecteur, soit par crainte d’avoir à choisir une reine).



L’enfant nomme le roi, mais c’est au hasard que la couronne sera attribuée. Tous réunis autour de la galette, nous pouvons être reine ou roi, et cela ne sera dû ni à notre mérite, ni à notre talent, mais à la chance. On « tire » les rois come on « tire » les cartes ou les dés. Comme dans tous les jeux de hasard, si je gagne j’en suis fier(e) mais si je perds je n’ai pas de honte à avoir, je n’ai juste pas eu de chance cette fois-là. Ainsi va la vie, un jour le soleil reviendra, un jour on sera reine ou roi, on aura cette chance-là.

La triche : l’enfant le plus jeune est sous la table, on sait comme il aimerait être « le roi », alors on  quand on dit « Pour qui celle-là ? » et qu’il se désigne, on glisse dans son assiette la part  qui laisse entrevoir la fève. Trichez si vous voulez mais ne vous faites pas prendre : si on découvre qu’on n’est pas devenu roi par chance mais par l’entremise d’un papa tricheur, on sera déçu par son papa mais surtout on ne croira plus à sa bonne étoile. ( Celle de rois mages bien sûr).


La fève dans le verre : le roi doit désigner sa reine, la reine doit désigner son roi. (Quel plaisir quand il s’agit, à 5 ans, de couronner sa maman, quel embarras quand on tire les rois au bureau ou en bonne société !).  Pour ce faire, chacun  ferme les yeux, et le roi  (la reine) fait tomber la fève dans un  verre. Les yeux fermés on boit,  tous ensemble, en chantant « le roi boit, le roi boit, le roi boit » jusqu’à ce que la personne choisie trouve la fève au fond de son verre.  Le roi alors lui remet une couronne.
Les yeux fermés, c’est encore au hasard que cela nous renvoie, mais aussi au noir – absence de lumière - et  à certains jeux à la mode comme les Loups garous de Thiercelieux. Quand chacun ouvrira les yeux, les rôles auront été distribués.

Ce jeu date de l’époque romaine comme l’explique Jean-Claude Ribaud dans Le Monde. Et Peau d’âne s’en souvint sans doute quand elle fit mine d’oublier sa bague dans le gâteau qu’elle servit au prince, donnant un petit coup de pouce au destin pour devenir reine à son tour.
Un jour le soleil reviendra, un jour on sera reine ou roi, on aura cette chance-là, mais si les contes nous enseignent de ne jamais perdre espoir, ils disent aussi de ne pas compter seulement sur le hasard, de mettre la chance de notre côté .