vendredi 12 octobre 2012

Anthropomorphisme et bestiaire de saison



La citrouille était un navet
Jack’o Lantern, un ivrogne irlandais, se trouva à plusieurs reprises face au diable, qui, bien entendu, voulait prendre son âme. Une première fois, dans un pub, il demanda au diable de lui payer un dernier coup avant de lui donner son âme. Le diable se transforma en une pièce de monnaie pour régler la note, et hop ! se retrouva coincé dans la poche de Jack par une petite croix d’argent. Il palabra et obtint que Jack le libère, lui accordant en échange de sa liberté un sursis de 10 ans. Dès que le délai fut passé, le revoilà, en plein milieu d’un champ, réclamant l’âme de Jack ! Aide moi d’abord à attraper cette pomme, demande Jack en le hissant sur son dos. Le diable s’empare de la branche de pommier, et Jack pendant ce temps grave une croix sur le tronc de l’arbre. Coincé maintenant dans le pommier, le diable ! Il jure alors de ne jamais prendre l’âme de Jack, qui efface la croix sur le tronc. Jack vit enfin tranquille, mais toujours ivrogne, c’est pourquoi il se voit refuser l’entrée au Paradis à sa mort. Il veut donc rentrer en Enfer, mais le diable ne peut l’accueillir sans se parjurer. Jack est condamné à errer dans les ténèbres. Le diable, plutôt gentil, lui donne une braise du feu de l’Enfer pour faire un peu de lumière. Jack évide un navet, qu’il était en train de grignoter, pour déposer la braise à l’abri du vent et s’en faire une lanterne.
La tradition celte est d’aller de maison en maison avec une lanterne creusée dans un navet, pour la fête de Samain, aux derniers jours d’octobre, par empathie avec tous les trépassés, à moins que ce ne soit par peur de les rencontrer.
Emigrant massivement vers l’Amérique, au milieu du XIXème siècle, suite à une grande famine, les irlandais emmenèrent avec eux la tradition de Jack’o Lantern, mais, ne trouvant pas de navets, les remplacèrent par des citrouilles. Photophores improvisés, troués de manière à laisser passer la lumière, et les faces rigolotes ou inquiétantes sont apparues. 


Visite du zoo au rayon fraicheur




Les légumes  et les fruits d’automne se prêtent bien au jeu des métamorphoses. Ce poireau aux cheveux emmêlés, cette aubergine albinos au milieu de la foule des aubergines couleur aubergine, ce radis noir qui a une longue queue de rat, cette pomme de terre avec un gros nez, cette poire joufflue.

Il faut jouer avec la nourriture !
Il y en a toujours un qui échappe au calibrage, heureusement, et c’est celui-là qui nous interpelle. On voudrait lui ajouter un regard, une bouche, accentuer un caractère, mettre en valeur sa personnalité. Avec les clous de girofle, on fera vite des yeux, des dents peut-être, et on pourra aussi fixer des éléments, un morceau de poivron pour les lèvres, deux feuilles d’endive ou de chou pour lui faire des ailes ou de grandes oreilles… Le jeu consiste à inventer des personnages, des animaux, en n’utilisant que des produits consommables ou au moins naturels, comme par exemple des brochettes en bois, ou des baguettes chinoises pour animer ces marionnettes. Naturels et propres.

La soupe surprise anthropophage
Personnages ou animaux, imaginaires et éphémères, vous passerez en effet à la casserole à la fin du jeu ! Dans notre chaudron, rempli d’eau bouillante, nous ferons cuire choux et pommes de terre, carottes et oignons, navets et potimarons, oh la bonne soupe  de sorcière ! Dans un autre les pommes, les poires et les cerneaux de noix, avec un peu de sucre, miam la bonne compote ! Chiche ! Ce sera forcément bon, puisque c’était beau.

Illustrations Play with your food de Joost Elffers