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jeudi 12 juin 2014

Les jeux en fête


Quand viennent les beaux jours, les jeux sortent dans la rue. 
Affiche de l'ALF 2011
C’est une tradition qui reste assez confidentielle, pourtant cela fait longtemps que la Fête du Jeu a été lancée, à l’instar de la Fête de la Musique. L’association mondiale des ludothèques (ITLA International Toy Library Association) a décidé en 1999 de fêter le jeu, lors du World Play Day, chaque 28 mai (International Toy Library Conference - Tokyo, Japan in 1999). C’est une association qui réunit plus de 20 pays, dans tous les continents. Chacun a sa façon de participer au World Play Day. Il y a même une chanson du World Play Day.
En France, La fête du jeu, c’est le dernier samedi de mai
De grands acteurs de l’Éducation Populaire* ont choisi cette date ensemble, et établi il y a plus de 12 ans, une charte de la Fête du jeu. Le site fetedujeu présente cette charte et de judicieux conseils, précis, « vécus », et même un échéancier, pour organiser une fête du jeu. Malheureusement ce collectif ne fonctionne plus. 
Les ludothécaires sont les rois de la fête
Si une municipalité se lance, c’est souvent qu'il y a une ludothèque dans la commune, et des ludothécaires capables de se charger de l’animation, voire de l’organisation de l’événement. Pendant une journée, un week-end, une semaine, les jeux sont installés sur les places ou dans des lieux publics. Passants, curieux, administrés, enfants et adultes, sont invités à jouer. Parfois les éditeurs présentent leurs collections, parfois les associations sortent des trésors de leurs armoires, jeux anciens, jeux d'estaminets, jeux forains. Autour d’un jeu de palets en bois, se rassemblent et se rencontrent facilement et joyeusement des personnes d’âges et de cultures différentes. Comme autour d’un grand bac à sable ou d’un espace dédié aux Kapla pour les plus jeunes.


jeu de palet hollandais à Issy les Moulineaux


À Issy les Moulineaux, la culture du Jeu
C'est une ville d’Île de France qui a fait depuis longtemps sa place au jeu, la semaine ludique se terminait le week-end du 31 mai-1er juin, cette année, par un concours d’illustrateurs de jeux de société, au Musée de la Carte à Jouer. À visiter par tous ceux qui doutent de la place du jeu dans notre patrimoine culturel (et aussi par ceux qui savent bien que le Jeu est une part essentielle de notre culture). Environ 3000 personnes sont venues jouer sur l'esplanade de l'hôtel de Ville, 250 joueurs lors de la Nuit du Jeu et 600 personnes, public essentiellement familial, sont entrées le dimanche, sous prétexte de jouer, dans le Musée.

à Issy, initiation au jeu Grand Prix de Marbushka

Jouer ensemble
J’y étais, à Issy, je n’ai donc pas vu tout ce qui se faisait partout ailleurs, mais partout, le soleil étant de la partie sur la France entière, la fête du jeu a dû être réussie (et épuisante pour les animateurs ou ludothécaires ou éditeurs, car ça demande une sacrée énergie).
Ce qui serait encore mieux, le jour de la fête du jeu, c’est que les particuliers sortent aussi leurs jeux, comme d’autres leurs instruments de musique, le 21 juin, pour faire quelques parties avec des voisins, ou des inconnus. Sans avoir besoin d’un animateur. Mais pour qu’on ne les prenne pas pour des fous, il faudrait qu’on en parle beaucoup plus, de cette fête du Jeu.

Bonne fête Maman, viens, on va jouer
Malheureusement, cette date est aussi celle de la Fête des mères. Pour moi, mais sans doute pour moi seule, c’est double fête ! Sinon, y compris dans les médias, qui parlent si peu de la Fête du Jeu, quelle concurrence ! Il y a eu quand même une pub cette année qui montrait une maman jouer à Mario, comme quand elle était plus jeune, suggérant presque qu’on pourrait lui offrir un jeu plutôt qu’un objet utile ou des fleurs. (Ou alors les deux, on avance…)

Des jeux tout l'été place de la République
Fête du jeu oblige, c’est ce samedi 31 mai qu’a ouvert pour l’été l’R de jeu sur la place de la République à Paris. La fête continue, jusqu’au 30 septembre, du mardi au dimanche, de 11h à 20h. Touristes et franciliens, allez donc jouer un tour. Les ludothécaires sont là pour vous prêter, le cas échéant vous expliquer, des jeux, des jouets, pour la journée. Et en juillet, août et septembre, les adultes sont invités à jouer jusqu’à 23h, avec les derniers jeux primés au Festival (de jeux) de Cannes, et à rencontrer les auteurs de jeu.

Place de la République, Paris
La fête continue ailleurs, Paris est ludique les 14 et 15 juin, Festival International du jeu à Parthenay en juillet, et un peu partout en France, de nombreuses petites fêtes estivales et ludiques, tiens, par exemple, le Chamboultou, association qui nous a gentiment invités à Ussel à la fin août.

*Action Catholique des Enfants (ACE), Association des Ludothèques Françaises (ALF), Centres d’Entraînements aux Méthodes d’Éducations Actives (CEMEA),  Confédération des Loisirs de L’Esprit (CLE), Éclaireuses Éclaireurs de France (EEDF), Fédération des Écomusées et Musées de Société (FEMS), Fédération Nationale des Écoles des Parents et des Éducateurs (FNEPE), FRANCAS, Peuple et Culture (PEC)

lundi 24 juin 2013

Nouveaux rythmes scolaires, le défi relevé par une petite commune rurale


La réforme Peillon devrait être l’occasion d’introduire des ludothèques dans toutes les écoles de France. 

J’ai fait un moment ce rêve. Le jeu, reconnu comme une activité à part entière, culturelle, éducative.
Le jeu, nécessaire au bon équilibre des enfants, qui permet de prendre confiance en soi, de se sociabiliser, d’apprendre à respecter les règles et les personnes.
Le jeu libre, avec des jouets ou des jeux adaptés aux compétences des enfants, avec un ludothécaire, qui donne à jouer, choisit et traite les jeux, et veille au bien être de chacun.

Trois classes pour trois villages
Dans « ma » campagne, un Syndicat Scolaire gère l’école pour les enfants de trois villages. Les classes sont installées dans trois bâtiments rénovés, l’ancienne école  de P, celle de V, et, pour la Maternelle, l’ancien presbytère. Les petits jouent dans ce qui fut autrefois la cour du curé, mais ils sont bien à l’école laïque, publique et républicaine. Il y a trois classes pour une soixantaine d’enfants, une classe sur P, deux classes sur V, le troisième village n’ayant plus d’école. Un ramassage scolaire est organisé par la Région, et le car transporte aussi les enfants de V vers P à l’heure du déjeuner,  la cantine étant organisée à P. On ne va plus à l’école à pieds, avec son déjeuner dans sa gamelle, mais ça ressemble encore un peu à l’école d’autrefois, avec des regroupements d’enfants de niveau scolaire différent, des murs en vieilles pierres, de l’herbe et de l’espace dans la cour, et des effectifs raisonnables de 20 enfants par classe.





Les élus locaux gèrent l’école
On n’a pas conscience, quand on est citadin, du rôle de la commune dans le domaine scolaire. On sait bien que certaines dépenses incombent à la commune, on voit bien que le représentant du Maire assiste au Conseil d’école, mais on a le sentiment que tout est dans les mains de professionnels de l’éducation. Or à la campagne, tout repose sur les élus, qui n’ont aucune compétence particulière à gérer l’école, sinon leur dévouement et leur attachement aux enfants et, précisément, à l’école rurale.


La réforme, improvisation générale
Une aide de 90 euros par an et par enfant est attribuée aux communes s’engageant à mettre en place les nouveaux rythmes scolaires dès la rentrée prochaine, et les trois communes ont suivi les Conseil Scolaire qui optait en faveur du démarrage dès le 3 septembre. Sans beaucoup de temps pour réfléchir, sans voter aucune rallonge des budgets municipaux.
Les voilà donc au pied du mur, et  à quelques jours des vacances, rien encore n’est en place, sinon un horaire lié au ramassage scolaire, qui impose d’organiser 45 minutes de périscolaire avec des intervenants extérieurs, 4 jours par semaine. Il est aussi spécifié aux communes que les animations doivent s’adresser à des groupes ne dépassant pas 18 enfants. Dans ma campagne, 60 enfants, donc 4 animateurs, si tout le monde s’inscrit. Même payés au SMIC, ça fait un certain budget pour le Syndicat Scolaire. Une simple garderie pour ceux qui ne peuvent vraiment pas faire autrement serait la meilleure solution en terme de coût.  Mais cela n’aurait aucun sens. L’idée de la réforme, c’est l’égalité des chances et les loisirs de qualité pour tous, mais comment faire ?

Dans l’école républicaine, le périscolaire au petit bonheur la chance
Donc non, pas une garderie, des animateurs qualifiés et motivés, telle est la décision du Syndicat Scolaire. Et on les trouve comment ces personnes merveilleuses qui vont venir pour trois quarts d’heure de travail quotidien,  après avoir fait un certain nombre de kilomètres en campagne ? Et qui va gérer cette équipe, coordonner les interventions ? Et qui va les recruter ? Sur quels critères ? Avec quel budget ? C’est donner à la fois bien du pouvoir et bien peu de pouvoir aux élus, et ça pose question quant à l’égalité des chances au niveau national.
L’avantage de ce flou, c’est l’autonomie qui est laissée à chaque commune.


On relève le défi
Trois petits villages, tout seuls, dans une Communauté de Communes  qui réunit une vingtaine de villages autour d’une ville plus importante, à relever le défi dès cette année. Puisque le décret est passé, on y va. Initiation à des activités artistiques ou sportives, animations autour de l’environnement et de notre patrimoine, et mise en place d’une ludothèque bibliothèque. Le temps d’animation périscolaire, temps de détente, ce qui ne veut pas dire temps perdu.
On fait appel aux associations locales : faites connaître votre action en animant des ateliers hebdomadaires dans notre école. On recherche des volontaires parmi les habitants : un comédien, une dame qui jouerait en anglais et en espagnol, un animateur sportif. On cherche aussi des financeurs !

Dans chaque village, une petite salle qui servait de bibliothèque va reprendre vie, on y installera des livres d’enfants et des jeux, il reste à former quelqu’un à ce travail  : apprendre les règles  et la mise en jeu, ce qui est à mon sens presque le plus difficile, remettre les jeux récupérés en état, les solidifier en les plastifiant, inventorier le nombre de pièces, s’assurer qu’il y a bien une règle du jeu dans la boite (c’est ça, « traiter » les jeux), adapter l’espace au jeu des petits, des moyens, des grands. Et savoir donner envie de jouer sans rien imposer.
Il n’y aura pas seulement des jeux de société, mais aussi des jeux dits symboliques, pour se déguiser, imiter, mettre en scène. Et tout naturellement les intervenants en langue, théâtre, danse, peinture, et même les spécialistes du patrimoine se joindront au jeu. Chiche ! On a carte blanche ? On s'est jetés à l'eau. Qui veut jouer avec nous ?


Le décret relatif à l’organisation du temps scolaire dans les écoles maternelles et élémentaires a été publié le samedi 26 janvier 2013 au Journal Officiel et, avant le 31 mars, les communes devaient choisir entre une application différée ou une application immédiate des nouveaux rythmes scolaires.