mercredi 30 juin 2021

Chifoumi version COVID

 Deux enfants jouent dans le bus, face à face ils tapent dans leurs mains, puis dans les mains de l'autre, comme s'ils rythmaient la comptine Trois petits chats… Ils ajoutent à ce jeu des gestes et comptent leurs points, un peu comme à Chifoumi ou Pierre Feuille Ciseaux.

Petit à petit ils se proposent de nouveaux gestes, et comment les contrer. Si tu mets tes deux mains paume vers l'adversaire, c'est "porte fermée", à quoi on oppose "sonnette" avec les poings comme si on tirait sur le cordon d'une cloche…Mains jointes sur le haut du front fait échec à "sonnette" car cela veut dire "je ne suis pas là". 

Mains crochues comme pour mimer un un animal qui grignote : c'est le "covid". Et pour le contrer, une main frappant  le haut de l'épaule, c'est le "vaccin", ou deux mains devant la bouche, c'est le "masque", qui "recharge le vaccin".

J'ai du mal à  suivre, il y a trop de monde dans le bus, et le jeu va bon train, mais ils jouent pendant un long moment, jusqu'à ce que le garçon réclame une pause parce qu'il a mal au bras. Jouer avec rien, c'est fatigant !



vendredi 7 mai 2021

La couleur de la pluie

- La pluie, c'est de quelle couleur ? - Bleu ? - Gris ? 
Regardons par la fenêtre… Elle n'a pas de couleur… mais alors comment la peindre ? Prenons une grande feuille blanche et dessinons la pluie avec une craie grasse blanche (un pastel). Dessinons sur toute la feuille les gouttelettes, la bruine, l'orage, la pluie qui tombe en rafales avec le vent… et les flaques qui éclaboussent, et les petits ronds que la pluie dessine dans l'eau. 
Quand la feuille blanche est remplie de pluie, blanche aussi, on ne voit rien mais…
À grands coups de pinceau, avec de l'aquarelle ou des encres de couleur, peignons maintenant le ciel. Gris, peut-être, ou bleu, ou rose ? Et la pluie apparait comme par magie.





Il n'y a plus qu'à dessiner, sur un autre papier, ceux qui aiment la pluie, la grenouille, l'escargot, ou un petit enfant équipé de ciré et de bottes… et des parapluies, bien sûr. Oh ! celui-là s'envole ! 
On découpe, on colle les personnages sur la grande feuille qui a eu le temps de sécher, et voilà, on a peint la pluie.







Portraits de la pluie réalisés par des enfants de 5 à 10 ans dans l'atelier que j'anime à l'École Suédoise de Paris, À partir d'une idée de Maria Dumage.

dimanche 31 janvier 2021

La boite à boutons

C’est un jeu de mon enfance. 

Il n’avait pas sa place dans la chambre d’enfants, la boite en soi n’était pas un jeu. C’est dans cette boite que notre mère rangeait ses boutons, dans les années 50, même un peu avant, même un peu après, quand ni le prêt-à-porter ni les Playmobil n’existaient. Elle nous prêtait sa boite à boutons, une boite en métal qui n’avait rien de précieux, mais qui pour nous renfermait des merveilles. 


Grands ou petits, nacrés, dorés, décorés, on pouvait les classer par couleur ou par taille, les aligner comme en rang à l’école ou les mettre en cercle comme pour une ronde, il y avait les gros qui jouaient les importants, et les humbles boutons de chemise, à peine un centimètre de diamètre, mais plus nombreux et solidaires. Pour reconstituer une famille, ou une armée, on fouillait dans la boite en métal, cela faisait un bruit de chercheur de pépite, comme quand on cherche une pièce Légo bien particulière dans un gros tiroir (j’aime tellement ce bruit…).  




J’ai acheté il y a bien 40 ans trois ou quatre kilos de boutons en vrac, au Marché d'Aligre à Paris, je m’en sers pour les marionnettes, les déguisements, et pour partager avec des enfants le plaisir des jeux de classement. J’en ai rempli plusieurs bocaux de verre, pour bien les voir, mais ces pots sont un peu trop étroits pour fouiller dedans, il manque le bruit… Malheureusement, on ne trouve plus ces larges boites de fer blanc, ou alors ce sont des reproductions qui n’ont pas le charme de la récup’.

À peine avais-je évoqué ces boutons de ”quand j’étais petite”, que Tita, Martine, Isabelle, m’ont envoyé leurs souvenirs, que je partage donc. C’était peut-être un jeu de famille nombreuse, mais ce n’était pas un jeu réservé aux filles : mon frère m’a demandé, il y a quelque temps, alors que nous évoquions des jeux de notre enfance, où était passée la boite à boutons bleue familiale.

Tita :

Moi aussi, j’aime beaucoup les boutons et ai récupéré les 2 boites de maman : une grosse boite orange « O CEDAR , la frange démontable » un peu cabossée et pleine de gros boutons colorés : il y en a de magnifiques dont un particulièrement beau qui ornait un manteau de maman, petite fille, donc il doit dater de 1925. J’ai quelque fois songé à le monter en broche mais non, il est aussi bien dans sa belle boite en fer blanc usée.


Et l’autre boite, plus petite, bleue, celle des « Bonbons du Père Antonio : sont utiles à tous, ne nuisent à personne » : sur la tranche « Bonbons résineux du Père Antonio , vous apportent à domicile l’air pur des montagnes et des pins ». Décor doré de pommes de pin sur fond bleu. Sur le couvercle, le Père Antonio et un compère sur fond rouge.  Cette boite là, c’est celle des petits boutons blancs et nacrés uniquement. Elle est dure à ouvrir, on s’y arrache un peu les ongles…

Lorsque maman ouvrait les boites à boutons, c’était toujours une fête. J’aimais tout : les boites, leur contenu, le bruit du glissement des boutons les uns sur les autres, le moment passé  avec maman à les commenter, la façon dont elle vidait une partie du contenu dans le couvercle pour choisir celui qui conviendrait. 


Martine :

Maman avait une "boîte à boutons". Elle était ronde, 15 cm de large environ , 7-8 cm de profondeur, en métal, avec un décor floral de couleur bleu vif . Elle y recueillait tous les boutons qu'elle trouvait, achetait, récupérait sur des vêtements hors d'usage, etc. Ils pouvaient connaître une seconde vie. Mais ils servaient surtout de "jeu" quand on était malade et censé rester au lit comme c'était la règle. Si on se montrait raisonnable, qu'on se laissait gentiment soigner, Maman nous apportait la Boîte en grande cérémonie et nous la confiait. C'était magique, de fouiller dans ces boutons, les extraire, faire des familles par matière, coloris. Et si l'on ramassait un bouton, dans la cour de l'école, sur un trottoir, on était heureux de l'apporter à Maman et d'enrichir le trésor.


Isabelle :

Je suis restée cette enfant qui trie, fait des familles par couleurs, par matière, par taille… mais comme je fais ça depuis très longtemps, j'ai beaucoup de boîtes magiques... et je profite de cette étrange période pour les partager.

Isabelle nous régale quotidiennement de photos de boutons plus extraordinaires les uns que les autres, avec des commentaires d’une incroyable précision, matière et histoire n’ont pas de secret pour elle (le bouton du jour, sur Facebook).