lundi 3 mai 2010

Le jeu plutôt que la fessée.



Eduquons , éduquons. Les pseudo sondages de France 2 ou du Figaro ont posé la question Faut-il renoncer à la fessée ? de manière à obtenir les 84% de NON attendus.  Mais Pourquoi une fessée ?  A-t-elle sa place dans l’éducation ?

Les partisans de la fessée s’imaginent qu’il leur incombe de dresser leur enfant. Dresser n’est pas élever. Elever c’est faire grandir.  Frapper, ou « traiter », c’et rabaisser.

La plupart des parents que je vois au centre commercial brandissent les menaces (Tu la veux celle-là ?) ou frappent leurs enfants sans que la présence de témoins de leur violence ne les gênent. Au contraire, ils expriment une sorte de fierté de « parents responsables ». On surprend aussi souvent un regard apeuré, un coude qui se soulève pour se protéger le visage. Ils n’ont donc pas compris les règles, ces enfants, puisqu’ils craignent toujours de « s’en prendre une » ?  Alors à quoi la gifle a-t-elle servi ?

Pourquoi cet enfant pleure-t-il,  se roule-t-il par terre, trépigne-t-il ?  Qu’est-ce qui le contrarie qu’il ne peut exprimer autrement ? Cherche-t-il l’affrontement, veut-il nous pousser à bout, nous tester, nous défier ? Quelle que soit la raison de ces démonstrations de colère, on se trouve bien embarrassé pour gérer la situation, quand on est l’adulte qui accompagne ce « petit monstre ». Surtout en public, montrer sa faiblesse… Alors peut-être on frappe, pour que « ça s’arrête ». On se ne se montre alors  ni fort, ni bon éducateur, seulement incapable de maîtriser la situation, et de contrôler ses nerfs. Pas de quoi en faire un drame, mais pas de quoi être fier.

Faut-il pour autant une loi contre la fessée ? NON. Il faudrait expliquer. C'est la même logique. Qui dit loi dit punition, humiliation pour celui qui l’enfreint. Expliquer à l’enfant pourquoi on lui interdit de faire ceci ou cela, c’est moins violent et plus efficace. Il faudrait expliquer aussi aux parents comment élever leurs enfants. Mais c’est très compliqué, il faudrait leur donner des outils pour ça.
Une loi de mars 2007 permet aux tribunaux d'organiser des « stages parentaux »,menés par des magistrats, des psychologues, des éducateurs sociaux. Ces stages ne sont pas organisés sur la base du volontariat : les parents convoqués par la justice, et qui s'y soustraient, sont passibles des condamnations classiques pour les délits commis par leur progéniture. J’ai écouté le reportage de Monique Derrien sur de tels stages prescrits par le Tribunal de Reims. On voulait apprendre aux parents à faire preuve d’autorité sur leurs enfants qui séchaient l’école. Mais on ne répondait pas à leur désarroi. « Qu’est-ce que je peux faire s’il se sent mal à l’école ? » demandait une maman, qui avait au moins cherché à garder la confiance de son grand adolescent. Tous étaient venus, puisqu’ils n’avaient pas le choix, mais ils étaient humiliés et si amers, je doute que ce stage ait amélioré les relations parents-enfants dans ces familles.

Mais au moment de l’adolescence, c’est un peu tard pour tout reprendre à zéro.

Le jeu est un outil d’éducation essentiel, non pas le « jeu éducatif » qui sert à instruire ou à faire entrer en douceur dans les jeunes têtes les couleurs ou les tables de multiplication,  mais le jeu quel qu’il soit. Car qui dit jeu dit règle (comprendre qu’il y a une règle, et qu’on ne peut s’en passer pour jouer ensemble) et respect des autres joueurs, mais aussi autonomie, confiance en soi et en ses capacités, savoir perdre et être sûr de pouvoir  gagner. Plaisir partagé et convivialité, même avec des personnes d’âge différent. Maîtrise de ses émotions et de ses angoisses, comme je l’ai dit à  propos des jeux symboliques parlant de la mort. Le jeu sert à apprendre à vivre, et à vivre avec les autres.
Bien sûr on ne joue pas pour ça, on joue pour jouer. Mais en jouant on apprend. Et le jeu crée des liens là où l’éducation à la dure crée des cassures.


A lire : Faut-il donner des fessées aux enfants , conseils de Sylvie Rochefort.

1 commentaire:

  1. j'ai écouté le reportage de Monique Derrien, je suis tout à fait d'accord avec vous, pas de réponse à ses parents dans le désarroi et les stages n'y changeront rien et pourtant je suis éducatrice !
    Il faut bien entendu considérer le jeu en tant que tel avec ses richesses et non considérer le jeu utile que lorsqu'il est étiqueté "jeu éducatif"
    En tant qu'éducatrice et ludothécaire je ne fais jouer aux enfants déficients avec lesquels je travaille que des jeux pour jouer ! c'est essentiel

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