En visitant au Musée d'Orsay l'exposition consacrée à James Tissot, peintre de la deuxième partie du XIXème, j'ai rencontré des enfants qui jouaient.
Portait des enfants d'Emile Gaillard, James Tissot, huile sut toile,1868 |
Jeanne (2 ans) et son frère Joseph (4 ans) jouent avec une poupée en porcelaine, que Jeanne est en train de coiffer, tandis que les grands, Marie et Eugène, posent pour le peintre, ami de leur père, Émile Gaillard.
Sur le fauteuil, une autre poupée, une poupée noire. On trouve souvent des poupées noires sur les gravures représentant de petits anglais en train de jouer, ces poupées de chiffon, qu'on appelle Golly. Cette poupée-ci est en porcelaine, elle a un foulard noué sur les cheveux et porte robe et jupon, bas et chaussures, et surtout un tablier blanc, car elle est sans doute "au service" de la demoiselle-poupée qui se fait coiffer. Pour l'heure, elle est bien installée sur le fauteuil, alors que les autres jouets sont sur le tapis : un tambour et les wagons d'un train, une diligence, et des figurines, des vaches, abandonnés.
Les marrons que les enfants ont ramassés dans leur panier sont aussi importants que les "vrais" jouets, qui sont en marge du tableau.
Croquet. James Tissot. Huile sur toile, 1878 |
Suzanne, elle, joue au croquet. On sent que la partie n'en finit pas, ce n'est pas à elle de jouer et elle tient son maillet comme font tous les joueurs qui attendent leur tour, s'appuyant le dos en quelque sorte. Du vécu.
Le petit Nemrod, James Tissot, huile sur toile 1882 |
Je ne sais pas comment s'appellent ces enfants qui jouent à la chasse au tigre. Le cheval à roulettes, est un jouet couteux, tout comme l'épée, qui n'est pas une simple épée de bois, mais le chapeau est en papier journal. Et les petites filles qui font semblant d'être mortes se cachent sous des dépouilles de tigres comme on en rapportait des colonies. Les enfants jouent, dehors, avec ces peaux plutôt destinées à la décoration du salon, et la grande personne qui les accompagne ne s'en soucie guère, pourvu qu'ils s'amusent bien.
Et maintenant une partie de cache-cache ! Si vous passez vite, vous voyez une petite fille à quatre pattes. Regardez mieux. Combien sont-ils ? où se cachent-ils ? On devine tout à fait à droite un visage, mais non, c'est une sculpture, dans l'atelier de l'artiste. Et sous le fauteuil, un petit museau ou juste le pied du meuble ? En tout cas il y a bien une frimousse qui apparait en haut du paravent, et deux autres derrière le sofa. Et la petite-fille ne va pas tarder à les trouver. Va-t-elle penser à soulever les peaux de bêtes (revenues à leur place) pour vérifier que personne ne s'est caché dessous? Va-t-elle interroger Kathleen, qui lit son journal et dira n'avoir vu personne ?
Hide ans seek, James Tissot, huile sur panneau de bois, 1878. |
Je ne suis pas très sensible à l'art de James Tissot, mais j'aime le regard qu'il porte sur le jeu. Et j'ai bien aimé ces enfants qui jouaient "pour de vrai".
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