lundi 20 novembre 2017

N'oublie pas mon petit soulier

Petit Papa Noël, tous les petits français connaissent ce refrain. Mais ce petit soulier?

Je mets mes souliers, qui dit encore ça ? Mes chaussures, d'accord. Mes godasses, mes groles, mes pompes, mes baskets, à la rigueur, quoique un peu ringard.  Mes sneakers, mes nike, mes chooses… plutôt. Il y en a des synonymes !

Si je vous dis soulier, qu'est-ce qui vous vient à l'esprit ?
Les souliers rouges, un conte de Hans Christian Andersen, interprété par Coeur de pirate en 2016 ?
Le soulier de satin de Claudel ? Oh non, qui s'en souvient ?
Rimbaud, peut-être :
 Comme des lyres, je tirais les élastiques
 De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur !
Ou les souliers oubliés dans la neige de Guy Béart ? 

De nos jours, les enfants doivent se demander ce que le Père Noël peut bien faire de ce soulier, car on ne met plus beaucoup les cadeaux dans les chaussures, on a tendance à mettre un nom sur chaque paquet, et à regrouper tous les cadeaux au pied de l'arbre. Dommage ! 
Dans mes bons souvenirs de Noël, il y a le soir du 24 décembre où chacun déposait ses chaussures devant le sapin, ou devant la cheminée, de la plus grande pointure à la plus petite. Parfois, pour associer le chat à la fête, nous lui faisions marquer l'empreinte de ses coussinets sur un joli papier, en guise de souliers. Il y a ceux qui déposaient leurs bottes, pour avoir plus de cadeaux, et ceux mettaient à l'honneur leurs plus jolis escarpins. Tous avaient soin de cirer leurs chaussures pour l'occasion. Chez nous, c'est une tradition qui perdure.

Mais pourquoi un seul soulier ? 
Michka. Père Castor. 1947
Cela tient peut-être à l'histoire de cette chanson? Petit Papa Noël, a été composée par Henri Martinet en 1944, avec un autre auteur. Raymond Vincy, librettiste et parolier à qui l'on doit plusieurs grands succès de Francis Lopez (La belle de Cadix, Mexico, Andalousie…), écrit pour Tino Rossi en 1946, sur la même musique, de nouvelles paroles, comme pour oublier la guerre. Ce sont les paroles  que nous connaissons.
En 1946, le Père Noël n'est peut-être pas bien riche, et ne peut remplir deux souliers (mais pourtant il a "des jouets par milliers"). Ou bien est-ce l'influence des Alliés, avec la chaussette anglo-saxonne qu'on suspend, seule, au pied du lit ?


On ne chante presque plus le premier couplet (La nuit de Noël, qui montre quelle confusion on peut faire, parfois, entre Noël chrétien et Noël païen), mais on n'est pas près de l'oublier, ce soulier de Noël, que découvrent même les enfants non francophones en cours de français.







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