Vous reprendrez bien un peu de
piment ?
L’été, vous avez le choix, dans les magasines féminins, entre les
tests sur votre sexualité et les conseils pour faire renaître le désir dans votre
couple supposé endormi par la routine, massages et jeux libérateurs. Jouer pour changer, jouer pour oser.
Les jeux de l’amour et du hasard
Deux
dés, et vous voilà en piste : l’un dit où, l’autre dit quoi, vous n’avez
plus qu’à vous exécuter.
les dés bilingues |
Gages, défis et vérités : sous forme de jeu de plateau à jouer à deux ou en société. La plupart du temps, ce sont des jeux classiques, jeu de dames, jeu de l’oie ou trivial pursuit, qui sont adaptés avec des gages à exécuter quand on a perdu, et des questions intimes. On appelait ces gages des pénitences, du Baiser à la capucine (un jeu datant de la Renaissance), au Berceau d’amour, du Voyage à Cythère au Cheval d’Aristote, on en échangeait déjà des baisers coquins, dans les soirées jeux d'autrefois !
Un petit jeu de rôle qui épicera
un peu les ébats amoureux
Faites preuve d’imagination, répètent à l’envi les journalistes, vous
suggérant de mettre en scène des scénarios bien convenus. On joue à être la maîtresse d’école avec son élève, la prisonnière avec son
geôlier, la call-girl avec son riche client… On dirait que je serais soubrette ou
autostoppeuse. Tu serais le plombier, ou l’informaticien venu réparer mon
ordinateur, et bien sûr je t’ouvrirais la porte en nuisette sexy…
Changer un peu de look, se costumer juste pour rire et porter l’un sur
l’autre un nouveau regard. Être complices. C’est plutôt mignon, et joyeux. Si
c’est pour recoller les morceaux, ça risque aussi d’être pathétique. Jouons
pour jouer, pas pour améliorer notre ordinaire…
Dans le magasin Leclerc où je fais mes courses on trouve au rayon des
sous-vêtements féminins une émoustillante tenue d’infirmière. Ça m’a quand même
surprise : vraiment, on peut passer avec ça à la caisse sans que personne
ne bronche ? Pas de quoi fouetter un chat, c’est pour jouer.
« Pas besoin de pousser la porte d’un club
échangiste ou de virer SM pour pimenter sa vie sexuelle ! Avec un peu
d’imagination, vous pouvez vivre des corps à corps torrides et amusants. Pour
cela, il vous suffit de vous glisser dans la peau d’une autre, le temps d’une
soirée. » (aufeminin.com, juillet 2012)
Dans cette dernière phrase, au double sens, voulu ou non, qui fait sourire,
c’est la limite temporelle qui est importante, « le temps d’une soirée ».
Parmi les 10 scénarios proposés par aufeminin.com, Nathalie-Marine Barenghi
propose L’amour sous la contrainte,
et voilà son commentaire :
"Si
dans la réalité, c'est un acte répréhensible, dans le fantasme et le jeu, la
signification en est totalement différente. Dans le monde réel, contraindre
l'autre est une agression, voire un viol. Dans le jeu, au contraire, il
signifie : "tu es si désirable que je ne peux te résister. Tu as un tel
pouvoir sur moi que je te veux à tout prix". Et pour une femme, cela peut
être très libérateur. Elle peut se laisser aller à faire des choses qu'elle
n'aurait jamais osées, puisqu'elle y est obligée. Mais attention, cela doit
toujours rester un jeu et les deux partenaires doivent être totalement
consentants sur le scénario. Sinon, cela pourrait devenir très
désagréable." Si c’est du jeu, tout est permis ?
« Cela
doit toujours rester un jeu »
Mais quand passe-t-on du Pour faire
semblant au Pour de vrai,
du monde du jeu au monde réel ? Si le jeu
c’est pour de faux, « Tu as un
tel pouvoir sur moi que je te veux à tout prix » c’est vrai ? Quand
les partenaires sont–ils sincères ?
Comment s’assurer de « rester dans le jeu » ? Et d’en
sortir à temps, et indemne ?
Et
comment définir le total consentement ? D’Histoire d’O à Cinquante
nuances de Grey, on rencontre dans la fiction des femmes qui consentent
librement à être maltraitées, est-ce du jeu ?
Règle
et liberté sont indissociables dans le jeu. On énonce la règle avant de commencer,
dans le contexte ainsi défini on peut se laisser aller, dire ou faire des choses
qui ne sont pas autorisées d’habitude, mais ce n’est pas vrai que tout est
permis, je ne peux pas te tuer pour de vrai dans le jeu, tous les enfants le
savent. Je ne peux pas te faire mal ou t’humilier pour de vrai. Et la liberté,
c’est aussi de pouvoir dire « je ne joue plus ».
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