Au
départ, on repère juste qu’il y a des enfants pas loin, un nourrisson, un autre
qui doit avoir 3 ou 4 ans. Assise à ma place, je
ne les vois pas, et je continue ma lecture. Peu à peu, le train ayant
quitté la gare, le ton monte. C’est la mère et le « grand » qu’on
entend. Il n’a pas voulu manger ce qu’elle lui proposait, eh bien, il n’aura
rien d’autre (classique). Un moment plus tard, l’enfant demande à manger ce
qu’il avait d’abord refusé. Opposition catégorique de la mère : c’est trop
tard maintenant, tu n’avais qu’à manger quand je te l’ai dit. Tant pis pour toi, tu mangeras demain. Maintenant dors. L’enfant pleure,
bien sûr il « s’en prend une » parce qu’il pleure, alors il ravale
ses larmes mais renifle un peu, menaces de nouvelle gifle, accompagnée du non
moins classique « je ne veux plus t’entendre ». Il cesse,
s’agenouille sur son siège pour regarder par la fenêtre. L’homme (le père ?)
se penche vers lui avec douceur pour commenter ce qu’ils voient. Il a même un
petit geste discret, presque une caresse, sur la joue du petit, pardon,
du« grand ». La mère y met vite bon ordre. 1. Elle met le nourrisson
dans les bras du père. 2. Elle change de place avec lui pour être seule à côté
du grand. 3. Elle ordonne (je ne trouve pas d’autre mot) à son fils de se tenir
assis bien droit ET de dormir, en appuyant sa tête sur elle. 4. Elle croque à
belles dents dans son sandwich… Mais qu’est-ce qu’on peut faire ? Peut-on reprocher à
cette femme de n’avoir pas un sourire, pas un geste tendre, pas une parole douce ? Comment lui dire
que le trajet serait plus agréable pour tout le monde si on y mettait un peu de
souplesse, d’amour, de rire ?
Moi
qui voulais vous parler du jeu en voyage…
Dans
un autre train, un grand-père, avec un enfant de 4 ans. D’abord ils
jouent à la main chaude : A pose sa main droite sur la tablette, B pose la
sienne sur la main de A, puis A pose sa main gauche, B pose sa main gauche à
son tour. Alors, A retire sa main droite de ce paquet de mains pour la poser
par dessus, B fait de même… Jusqu’à ce que tout s’emmêle dans une joyeuse
pagaille !
Pour
calmer le jeu, le grand-père raconte une petite histoire mimée, un genre de
comptine, il est question d’un Père Capucin qui demande un logement, d’une
certaine Marguerite qui lui ouvre la porte, les doigts miment, l’enfant en
redemande. Puis il récite à son tour une chanson à gestes apprise au centre de
loisirs : Je monte mon nez, je cache mon nez, je montre mon menton, je
cache mon menton, et je lève les bras ! Je montre ma bouche, je ferme la
bouche, je cache mes bras derrière mon dos, et je ne bouge plus ! (Malins,
ces animateurs !)
Le
grand-père enchaîne sur une partie de Chifoumi – la pierre, la feuille,
les ciseaux. Déjà apprendre à mimer, poing fermé pour la pierre, main bien à
plat pour la feuille, index et medium figurant les ciseaux qui coupent…
Comprendre que les ciseaux se cassent sur la pierre, mais coupent la feuille,
et que celle-ci enrobe la pierre. Enfin cacher chacun sa main derrière son dos
et, 1-2-3 (ou CHI-FOU-MI) : sortir de derrière son dos une pierre, une
feuille ou des ciseaux. Plaisir de l’enfant quand il « coupe » avec
ses « ciseaux » la « feuille de papier » du grand-père.
Une
variante du Chifoumi, pour les plus grands ; et qui peut se jouer à 2 ou
3, pourvu qu’on sache assez bien compter : on prépare sa main derrière son
dos avec 0, 1, 2, 3, 4 ou 5 doigts. On la brandit en même temps que les autres
joueurs et en criant un nombre qui est supposé être la somme des tous les
doigts présentés. Par exemple, A montre 2 doigts, B toute sa main (5), C son
poing fermé (0) : l’ensemble totalise 7 doigts. Si l’un des trois joueurs
a annoncé « 7 », il a gagné.
Quand
on n’a prévu aucun matériel pour s’amuser, on peut aussi jouer aux devinettes,
ou aux portraits, avec la variante du portrait chinois (Si c’était une plante,
ce serait…). Comme dans une partie de cache-cache avec de très jeunes enfants,
où rien ne peut leur faire plus plaisir que de vous retrouver toujours caché au
même endroit, les plus petits attendent de vous, quand ils jouent aux
devinettes, une répétition rassurante. Pour vous, le jeu sera de trouver de
nouvelles analogies, ou de nouvelles définitions, que le tout petit peut
comprendre, et qui conviennent encore et encore à la même réponse : ta
maman, ou ton frère, ou ta maîtresse, par exemple.
Dans le train, c’est amusant
de faire deviner une personne qui est dans le wagon, comme une version live de Qui est-ce ? Est-ce qu’elle
a un chapeau ? Des lunettes ? Est-ce qu’il a un pull rouge ?
Est-ce qu’il est assis près de la fenêtre ?
Du
papier, et un crayon, voilà ce qu’il ne faut pas oublier pour s’occuper pendant
le voyage. Dessiner ce qu’on veut, d’abord. Et ce qu’on voit (des rails, des trains ?).
Mais
aussi jouer. Au Morpion, ou Tic Tac To, au Pendu, au Petit Bac, pour les plus
grands, ou à une variante du Pictionnary par exemple : je trouve un mot au
hasard dans une revue, je dois en dessinant te faire deviner le mot.
Jouer
avec rien. Parce que, bien sûr, les enfants auront sans doute leur jeu
électronique, pour s’occuper, mais c’est bon aussi de profiter de ce temps à ne
rien faire pour s’amuser ensemble, et partager une complicité vacancière.
Joli et tellement vrai!
RépondreSupprimerMoi aussi j'ai écrit un billet sur ce thème il y a quelques temps, mais tu donnes ici des idées que je n'avais pas eues. Merci !
RépondreSupprimerFrédérique
Merci Frédérique. Où as-tu écrit ? J'aimerais te lire.
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