Un ours en peluche a été retrouvé dans un aéroport de Bristol
il y a un peu plus d’un an, accompagné d’une photo sur carte postale, datant de
1918, le montrant, plus jeune, en compagnie de deux petites filles. Au dos, on peut lire : With dearest love and kisses to our darling Daddie from your loving
little daughter & Sonnie. Et c’est signé : Dora &
Glyn. Un adulte
a ajouté : Taken on baby's
birthday March 4 1918, one year and 5 months old.
Nom ?
S’appelle-t-il Glyn ou Sonnie ? Il semble bien que l’une des petits
filles soit Dora, mais l’autre ? Peut-être manque-t-il un « S » à
daughter, et dans ce cas Sonnie est le nom de l’ours. Mais non, Glyn me plaît
plus, ça va mieux à un ours, non ? Dans ce cas, Sonnie est le bébé, peut-être
la cousine de Dora, elle a 1 an tout juste et Dora 17 mois. Et c’est Dora qui
tient son ours Glyn tout contre elle.
Date et lieu de naissance ?
Les premiers experts consultés ont estimé que cet ours était de fabrication
anglaise, de la marque Farnell Bear, et qu’il était né au tout début des années
1900. Mais il pourrait aussi bien être allemand ou français, selon d’autres spécialistes.
S’il est né avant 1918, cet ours ne peut pas être français, puisque le premier
ours français, de la marque Pintel, date de 1921. Les premiers ours, américain
ou allemand, ont été fabriqués en 1903.
L’américain, Teddy Bear, doit son nom à Théodore Roosevelt. Il a été
fabriqué par deux fabricants de
jouets russes, les Mictchom, les uns disent « à la gloire du président »
qui avait laissé la vie sauve à un jeune ourson à la fin d’une chasse à l’ours,
les autres, « pour se moquer du président » qui, pourchassé par un
ours, se serait réfugié dans un arbre.
L’allemand, Friend Petzy, est un ours Steiff. Margareth Steiff et son neveu
exposèrent PB 55 (Petzy Bear 55 ?), un ours en mohair, à la Foire de
Printemps du jouet à Leipzig en 1903. Il eut tout de suite
un énorme succès, il s’en vendit plusieurs milliers dès la première année aux États
Unis, et la fabrication dépassa le million en 1907.
Signalement
À cette époque-là, Teddy et Petzy avaient une bosse dans le dos, un bon
petit ventre et un museau fin, comme de vrais ours. C’étaient des animaux en
mohair, aux membres articulés, les yeux en bouton de bottine, le nez et la
bouche brodés. Comme Michka, l’ours du conte de Noël édité dans la collection Père Castor. Comme
Winnie, le héro de quatre albums écrits et illustrés par Alan Alexander Milne, de 1924 à 1928 (We were very young ,
Winnie the Pooh, Now we were six,
et The House at Pooh Corner), à déguster dans l’édition originale
« d’avant Disney ».
En ce qui concerne cet ours nous ne savons pas s’il a « la bosse »,
ce n’est pas précisé sur l’avis de recherche, mais s’il date d’avant 1918 c’est
très probable. Les ours en peluche ne sont devenus des « nounours », le
dos et le museau plat, qu’au delà de 1920. Il n’a plus qu’un œil, le pauvre,
mais en avait deux en 1918. Tout usé, il a me semble-t-il une caractéristique,
sa plante de pieds, en tissu rayé, pas réaliste, et peut-être recousue à la
place du velours initial, celui de la carte postale, si on regarde bien, parce que trop usée. J’aime bien, c’est sa petite
touche à lui.
Famille ?
Pour retrouver sa famille, le personnel de l’aéroport de Bristol a mené l’enquête
pendant 14 mois, relayée par des spécialistes aux USA et au Canada, mais en
vain. On sait pourtant que l’une des petites filles, Dora sans doute, a 17 mois
le 4 mars 1918, elle est sans doute née en novembre 1916.
Mme Dora X, née en novembre 1916, âgée donc de 96 ans, est-elle passée dans
cet aéroport de Bristol l’année dernière, laissant derrière elle, sciemment
peut-être, cet ours chéri qui lui
survivra et doit donc se trouver une nouvelle famille ?
Laissé là pour être adopté
Il n’a pas été perdu, Glyn, on ne l’a pas retrouvé comme un malheureux doudou
gisant sur le sol de l’aéroport, il était dans un sac en plastique, avec la
photo porteuse d’indices. Si quelqu’un l’emmenait en voyage et a oublié ce sac,
au moins était-il dans ce sac en compagnie des deux petites filles de la photo.
Un peu comme Paddington, abandonné dans la gare de Londres avec sa valise et
une étiquette autour du cou : « prenez soin de cet ours, merci ».
Dans la culture germanique, on connaît un certain lapin, Félix, la peluche
de Sophie qui l’égare, par mégarde cette fois, dans un aéroport.
Embarqué d’aérogares en aérogares, il découvre les villes du monde entier et
lui adresse de partout de jolies lettres. Jusqu’à ce qu’il retrouve sa petite
maîtresse. Dans l’album de Constanza Droop, édité en France par Jeu d’Aujourd’hui, les enfants
trouvent de vraies enveloppes, à ouvrir pour lire les lettres de Félix.
Cet ours accompagné d’une carte postale, en plein aéroport,
n’est-il pas de la famille du lapin Félix ? Américain d’adoption peut-être,
mais avec un zest de culture germanique, donc.
Trouvera-t-il enfin sa famille grâce à l’avis de recherche lancé par l’aéroport
de Bristol ? Ou son destin est-il d’être adopté, comme Paddington, par
quelqu’un qui saura en prendre soin ?
Sonnie n'est-il pas tout simplement un diminutif de "Son", il s'agirait donc "de tes chers petits garçon et fille". Selon la mode de l'époque, l'enfant de gauche pourrait être un garçon. Pour moi, Glyn et Sonnie ne sont donc qu'un (Glyn est un prénom gallois maculin, signifiant "Vallée", c'est le même prénom que Glenn pour les Irlandais).
RépondreSupprimerSandrine Nouvel
Merci, Sandrine, de participer au jeu de l'enquête, "Sonnie" pour "Son" me paraît tout à fait sensé, mais si j'ai bien compris ils ont 5 mois de différence … Tu as peut-être une idée là-dessus ?
SupprimerSandrine a raison - le texte dit bien: "de tes chers petite fille et garçonnet" Dora & Glyn - et oui, Glyn ici est bien un nom de garçon. Donc le nom de l'ours reste inconnu, c'est pourquoi il a été surnommé Bristol, par analogie avec Paddington nommé d'après la gare où il fut trouvé. Ce qui est curieux, c'est que la note dise que la photo a été prise ON baby's birthday, alors qu'on indique ensuite que le bébé (le petit garçon de gauche, qui porte en effet une robe de garçon) a dix-sept mois... mais non, les deux enfants n'ont pas 5 mois de différence; le garçon a 17 mois et sa soeur Dora, trois ou quatre ans.
SupprimerFaute de retrouver sa famille, peut-être deviendra-t-il la nouvelle mascotte de l'aéroport ?
RépondreSupprimerApparemment il est installé dans le bureau de la directrice de com de l'aéroport, mais pour certains clients il fait peut-être un peu miteux ! Elle a déjà pris la précaution de dire qu'il n'a pas été maltraité mais très aimé, très câliné… À moins qu'il n'ait subi les tests de norme européenne de sécurité des jouets ? En tout cas, belle opération de com de l'aéroport de Bristol !
RépondreSupprimerBristol airport : rechercher un homme prénommé Glyn, né le 4 mars 1918 ! @HuffingtonPost
RépondreSupprimerSuite à la consultation de l'article du Huffington times, j'avance : Glyn (=Sonnie) aurait 17 mois lors de l'envoi de la carte postale, éditée 5 mois plus tôt lors de son anniversaire. L'ours est celui de Dora. Mais n'est-ce pas bizarre de préciser au papa la date de naissance et l'âge de son fils, si c'est son fils ?
RépondreSupprimerPar analogie avec Paddington, trouvé dans la gare de Paddington, il paraît que cet ours a été rebaptisé Bristol.
Les papas d'aujourd'hui savent peut-être très bien l'âge et la date de naissance de leurs enfants , mais autrefois, c'est moins sûr ; d'autant que ,si le petit est né le 4 mars 1918, le père " jouait" peut-être au soldat, quelque part ? Il a suivi ça "de loin".. Il faudrait voir si l'on mettait dans les journaux,déjà, des faire-part de naissance ?
SupprimerJe crois que la mention de l'âge concerne Glyn, à la date de l'envoi de la carte ; Dora a sûrement plus de 17 mois au moment de cet anniversaire ; elle a l'air d'avoir au moins 2 ans 1/2.
Mais oui, Martine ! d'autant que Glyn est né la 4 mars 1917, et la carte datée de juillet-août 1918. "Taken on baby's birthday March 4 1918, one year and 5 months old". Une jolie petite histoire que celle de cet ours qui a "connu" la Grande Guerre.
RépondreSupprimerSur un thème voisin, un lapin en peluche oublié dans un avion, il y a aussi ce très beau livre américain, "Knuffle Bunny Free", que j'ai déniché pour Jodie il y a quelques années. C'est le dernier d'une trilogie, et voici une entrevue de l'auteur : http://www.publishersweekly.com/pw/by-topic/childrens/childrens-authors/article/44415-mo-willems-on-knuffle-bunny-free.html
RépondreSupprimerC'est intéressant, ces histoires de doudous voyageurs, et de doudous perdus. Deux thèmes porteurs chez les enfants quand on pense au nombre de fois où le jeu commence par "on serait partis loin de chez nous (on serait dans un avion, on serait dans un train…)" ou "on serait des enfants perdus (ou des orphelins, ou des enfants abandonnés)"… merci, Cécile.
RépondreSupprimereuh, ce n'est pas le même ours me semble t il en vrai et sur la photo , les pattes et le museau sont differents ?
RépondreSupprimerBien observé ! Les pattes, c'est sur, elles ont été refaites, comme je l'ai noté : "sa plante de pieds, en tissu rayé, pas réaliste, et peut-être recousue à la place du velours initial, celui de la carte postale, si on regarde bien, parce que trop usée". pour moi, le museau est le même. Les oreilles sont un peu tombées, la vieillesse sans doute… Amicalement.
RépondreSupprimerle proprietaire de l'ours a t il été retrouvé ?
RépondreSupprimerBonne question ! Si on interrogeait l'aéroport de Bristol ?
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