Ce jeu a commencé il y a une quinzaine d’années au Québec. Il se perpétue
au Mans, au fond d’un ravissant jardin. Vous montez un petit escalier et vous
vous retrouvez au Nord du Canada, à l’échelle américaine 1/64, avec une ligne
de chemin de fer qui dessert une exploitation forestière, une mine, un petit
port, une bourgade, au début du 20ème siècle.
Cliquez sur l'image pour voir le train en marche |
Modéliser, reproduire en
miniature, avec une précision minutieuse. Le jeu, c’est de construire, au plus près de la réalité, rouages
mécaniques, essences d’arbre et bâtiments, dont on peut si l’on veut soulever
le toit pour admirer les charpentes ou regarder à la loupe le travail en
atelier. On peut acheter une locomotive, et ses wagons, mais c’est bien mieux de
les faire soi-même. Au rez-de-chaussée, Alexandre a ses outils pour fabriquer
engins et accessoires, maisons et paysages.
L'intérieur de la scierie, photo A.Z. |
Fouiner, échanger entre
passionnés. Grâce à
Internet, les modélistes ferroviaires se connaissent et échangent sans cesse, partout
dans le monde. Un ami d’Alexandre, John, récemment décédé, lui a fait don de
ses trains. Alexandre les a repris, il a lesté ce wagon trop léger et modifié
cette grue pour qu’elle s’adapte au travail des bûcherons. Dans le bourg
imaginaire, une boutique, fermée pour cause de décès, porte le nom du généreux
donateur, jamais oublié dans le jeu.
Mettre en scène et se raconter des histoires.
C’est pour de faux !
Dans tout cet univers si soigneusement réalisé, dans les moindres
détails, et d’après des reproductions qu’Alexandre est capable de dater au jour
près, surgit tout à coup un dinosaure. Et puis un autre, caché dans le bois, et
un troisième à peine visible. Égarés là par la petite-fille
d’Alexandre ? Non, non, Alexandre,
l’œil rieur, vous explique que les dinosaures ont survécu là grâce au minerai,
unique, récolté dans cette mine. Des braconniers peu scrupuleux les revendent à
l’autre bout du monde pour en faire de la nourriture pour chien.
Exploitation non contrôlée, et
sans protection puisque personne n’a légiféré sur les animaux préhistoriques, et
qui provoqua la fin des dinosaures, explique Alexandre avec le plus facétieux
des sérieux.
Facétie et jeux de mots.
Très réaliste, au bord du ballast, quelques délicats coquelicots fleurissant dans les herbes folles, une palissade en bois recouverte d’affiches jaunies, sur laquelle est placardé un avis de recherche pour un personnage qui a les traits mêmes d’Alexandre. La bonnèterie, Tillins’trimming, porte le nom à peine déformé, de sa belle-sœur toujours tricotant, tandis que le magasin de cadeaux, Doudou’s gardens évoque un ami à la main verte. Un wagon porte le prénom de sa petite fille, Doña Coralie. Mais le pire -ou le mieux- inscrit sur son tableau de bord, c’est le nom de la compagnie de train : Degulbeef & Cradding RR. Touche après touche, l’artiste s’amuse et se rit de lui-même en composant un paysage fabuleux.
Alexandre Zelkine, chanteur et photographe |
Et dans la vraie vie ? En promenade, l’œil toujours furtif, Alexandre ramasse un branchage qui
fera un rondin parfait pour l’exploitation. Et puis le voilà sur son ordinateur
à chercher des documents sur telle plante, telle terre ou telle mécanique, ou
discutant avec un modéliste du même acabit. Ou bien, photographe de
métier, Alexandre part à la recherche d’images qu’il pourra reproduire dans ses
décors. Quelle finesse, quelle patience, quelle minutie lui faut-il pour
réaliser une telle maquette ! Témoin de notre admiration, Cilou Zelkine,
sa femme, s’en amuse. Minutieux, patient Alexandre ? C’est bien le
contraire dans la vraie vie, dit-elle. Mais
vienne le temps du jeu et tout change !
Au fond du jardin se cache la minuscule et fabuleuse salle de jeu d'Alexandre De jolies photos du train d'Alexandre sur ce lien |