Les anglo-saxons ont inventé les Happy families
Présenté au Musée de la carte à
jouer à Issy les Moulineaux, le jeu Game of Dr Busby, fut édité en 1843
dans le Massachusetts. Tout de suite très populaire, nous dit Agnès Barbier,
commissaire de l’exposition, qui nous l’a fait visiter avec beaucoup d’humour
et de passion. Le jeu est composé de 20 cartes réparties en 4 familles, celle
du docteur, celles du jardinier, de la laitière, et des Ninni-come-Twich, dont
personne ne semble savoir clairement qui ils sont. (Appel aux anglicistes
- un indice : leur symbole est un œil). Le but du jeu n’est pas de
réunir le plus de familles possibles, mais de gagner toutes les familles.
Quelques années plus tard, en
Angleterre, est édité le premier des Happy
families. Cette fois les
cartes sont plus nombreuses, puisqu’il s’agit de 11 familles de 4 personnes,
parents et enfants. Les dessins sont de John Tenniel, illustrateur des Aventures d’Alice au pays des merveilles et
caricaturiste. Grosses têtes sur un petit corps, familles regroupées autour
d’un métier, ces caractéristiques se retrouvent dans de nombreux jeux anglais,
comme dans celui d’André Gill.
Le nombre 7 spécifiquement français
Dans les jeux anglais Happy families, le nombre de familles et
leur composition sont assez variables. En
France, le nombre 7, et la famille de 6, s’imposent. Le jeu de SEPT familles est spécifiquement
français, même si nous partageons avec les anglo-saxons les caricatures
et les noms de famille, noms de
métiers, humoristiques. Le docteur fait vite place au cordonnier, au peintre ou
au boucher. Tout en jouant, en riant de leurs noms et de leurs drôles de
têtes, des situations dans
lesquelles l’illustrateur les met, on entrevoit la vie quotidienne des petits commerçants et artisans à la
fin du 19ème et au début du 20ème siècle. Le jeu s’adresse alors aux enfants
plus qu’aux adultes. Rapidement le grand-père et la grand-mère paternels
prennent la place des serviteurs dans la famille. Et peu à peu de nouveaux
métiers apparaissent.
En Allemagne, un jeu similaire
est édité : le QUARTET. Il y a 4 cartes à réunir sur un même thème, mais
pas de famille. Cela permet de
décliner des notions d’histoire, de géographie, de sciences naturelles, d’art,
à l’infini, c’est un jeu instructif auquel on joue à plusieurs, en échangeant
des cartes, ou seul en observant, regroupant, par curiosité et pour le plaisir
d'apprendre. Parfois les quatre cartes forment une petite séquence. C’est
toujours sur ce principe de cartes qui vont par quatre que sont créés la
plupart des jeux contemporains.
Je connais néanmoins un jeu de 7 familles récent qui a conservé des dessins humoristiques et les notions
familiales classiques, quoique l’éditeur, Piatnik, soit autrichien, mais les noms sont en Français : père,
mère, fils, fille, auxquels se joignent l’oncle et la tante. Ce sont des animaux, et dans la famille Basse cour, par
exemple, avec le père Coq, la mère Poule, se trouve l’oncle Dindon. Les six
cartes d’une famille forment une frise, à la manière d’un puzzle, et je me
souviens que c’était un de mes plaisirs d’enfant de faire ma famille comme on
fait un puzzle.
Mon enfance si proche et déjà dans les archives de l’Histoire !
Lors de la visite du Musée de la
Carte à jouer, plusieurs d’entre nous, les plus âgés,
s’exclamaient : « Ah, oui, celui là je l’ai eu ! ».
J’ai joué moi aussi avec ce jeu qui montrait des familles de tous les coins de
la terre dans leurs activités quotidiennes, traitées avec humour. Humour très limite, avec le recul du
temps, témoignage d’une époque. Je ne sais pourquoi, tandis que l’illustrateur
se moquait (plutôt gentiment) des familles Texas, Mohicans, Sénégal et Japon, tendre était le
regard porté sur les Esquimaux. C’était la famille que j’aimais gagner, je m’en
souviens ! Ce n’est pas la première fois que je retrouve des jouets de mon
enfance dans un musée. À Poissy, le train électrique est celui de mon frère et
la maison de la garde-barrière MA
maison, mais cela fait toujours un drôle d’effet.
Et maintenant ? Le jeu des 8 familles
Visitant ce musée en groupe,
j’ai eu le sentiment que les jeunes étaient moins intéressés, bien que soient
aussi exposées des cartes plus récentes. Ce jeu a perdu de son attrait. En
termes de mécanisme de jeu, il reste facile à jouer et très riche : il
demande de l’attention, de la
mémoire, le hasard y a très peu de place (juste assez pour qu’on puisse perdre
sans perdre aussi la face), on cache ses cartes – plaisir du jeu de cache-cache
- et surtout c’est un jeu d’échange, dans lequel on s’adresse directement aux
autres joueurs. Regards complices, jubilation quand on peut répondre
« Pioche ! » à celui qui cherche à vous dépouiller d’une
famille.
Est-ce le nom même, la
composition de cette famille patriarcale, qui embarrasse ? Un jeu des 8 familles a été édité
récemment : aucune de ses familles n’est identique. Famille monoparentale,
homoparentale, recomposée, famille traditionnelle, tous peuvent s’y retrouver.
L’idée est amusante, le jeu change car le nombre de cartes est différent pour
chaque famille : sera-t-il plus facile de regrouper 3 cartes (maman et 2
enfants) ou 8 (Papa, ses enfants, l’amie de papa et ses enfants, leur enfant
commun) ? En tout cas il respecte les attributs du jeu de familles :
témoin de son temps, outil d’instruction civique, vecteur d’échanges entre les
joueurs. Sans oublier ce qui, à mon sens, est essentiel dans l’éducation :
le sens de l’humour.
Je recherche justement ce jeu de cartes familles LAPON MOHICAN TEXAS etc... Je ne trouve nulle part où je pourrais l'acheter ?
RépondreSupprimerComment vous jouez à ce jeu-vous? Ou avez-vous tout simplement recueillir les cartes comme des cartes à échanger?
RépondreSupprimerla règle du jeu est bien expliquée sur ce site : http://www.regles-de-jeux.com/regle-des-7-familles/
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