vendredi 16 janvier 2015

Charlie : peut-on jouer de tout ?



Exorciser la peur par le jeu
J’ai des amis ludothécaires qui ont été aux premières loges lors des prises d’otages, à Vincennes et à Dammartin. Leur réaction a été de sortir tout ce qu’ils avaient en PlayMobil policier, pompier, secours divers, hélicoptères et ambulances, pour que les enfants puissent librement  exprimer dans leurs jeux les angoisses et les émotions trop fortes. Bravo.

On aurait pu aussi – peut-être l’ont-ils fait - mettre en avant les déguisements de policiers et de docteurs. Encore faut-il accepter que les enfants introduisent alors dans leur jeu des très méchants, des armes, de la violence.

Peut-on jouer au terroriste ?
C’est là, peut-être, la différence entre un enfant et un adulte : non seulement nous n’aurions pas l’idée de jouer à être un terroriste, mais supporterions-nous de voir des enfants interpréter de tels personnages dans leur jeu ?  Je crois que je ne les laisserais pas faire, parce que cela me serait insupportable, mais je pense que j’aurais tort…Il est important de jouer avec la peur, avec la mort, pour apprivoiser ses angoisses.  Je milite pour le libre jeu, qui n’est pas le jeu sans règles. Mais j’avoue que je me pose des questions sur  la règle de ce jeu-là, si les enfants se lançaient dans une représentation de ce qu’ils ont pu voir et revoir dans les médias.

Marcher ou pas avec Charlie
On a vu bien des enfants marcher samedi ou dimanche dans les rues avec des panneaux « Je suis Charlie », cela devait s’apparenter à un grand jeu auquel « jouaient » tant de monde, tant d’adultes… Mais je connais une petite fille (ce n'est pas celle de la photo) qui y est allée de mauvaise grâce, et qui n’a pas voulu dire pourquoi. Ce qui s’est passé à l’école à ce propos, ce qu’a dit la maîtresse, nous n’en saurons rien. Elle ne veut pas en parler. Je me demande si elle n’a pas raison. C’est une façon de se défendre contre l’immense émotion ressentie par ses parents lors des attentats et contre l’angoisse qu’elle recevait en pleine face.  Vos horreurs d’adultes, non merci, je ne joue pas. Il faut aussi respecter ça. 
Marche pour Charlie à Rouen 

1 commentaire:

  1. http://minu.me/dcku Le Parisien témoigne du travail des ludothécaires de St Mandé-Vincennes

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