mardi 9 février 2010

Carnavals et mardi gras, jeux sages, jeux fous, fêtes enfantines ou grand défouloir.



Le cycle des fêtes traditionnelles, de l’automne au printemps, suit son cours. Les jours rallongent, la nuit perd du terrain, on s’approche de l’équinoxe – l’égalité entre le jour et la nuit. Les symboles dorés chauds et bien ronds, évoquant le soleil, laissent la place à  des représentations festives  de ce changement d’équilibre, entre la lumière et l’ombre. En période de Carnaval, les relations sociales s’inversent, les règles changent le temps d’un jeu où les patrons ne commandent plus à leurs employés, ni les maris à leurs femmes, où le maire de la ville lui-même cède le pouvoir à Monsieur Carnaval. Comme à Maastricht, où le bourgmestre lui remet très solennellement les clefs de la ville pour quelques jours. Pour enfreindre les règles, changer de peau, oser dire tout haut ce que l’on pense tout bas le  reste de l’année, masques et déguisements sont à la fois de bons moyens d’expression et une façon de se cacher derrière un personnage carnavalesque. « Ce n’est pas moi qui ai fait ça, ou dit ça, c’est Carnaval ».



Il fait encore froid, mais on sent venir la fin de l’hiver, on sort, on fait la fête. Et du plus jeune enfant aux grands-parents bien âgés, tous se déguisent pour défiler, dans les rues de Dunkerque, de Bâle ou de Maastricht -où, sur le pont, se pressent les spectateurs, eux-mêmes affublés de perruques et de chapeaux, pour regarder passer le défilé d’une rive à l’autre de la Meuse. On en profite, en groupes, en associations, en « cliques » organisées, pour critiquer les gouvernants, dénoncer un scandale, se moquer des people, et lâcher du lest. Tout rentrera dans l’ordre après le mardi gras. Monsieur Carnaval sera brûlé sur la place publique (il ne restera que ses cendres pour le Mercredi du même nom) et renaîtra un an plus tard, entouré de nouveaux masques et de nouveaux débordements.

Le mardi gras n’a pas de date fixe, il dépend de Pâques, qui dépend de la lune… (On garde un œil sur le ciel, toujours). Avant Pâques , il y a 40 jours de carême chez les Catholiques, sans viandes, sans œufs, sans gras. Et avant cette période de privation, on fait bombance une bonne fois, on finit les réserves, qui ne sont peut-être plus très abondantes, car les saloirs commencent à être vides… on a tué le cochon au début de l’automne, et les poules ne pondent pas beaucoup quand elles ne voient pas le soleil. Au moins, on fait des crêpes, avec les derniers œufs, s’il n’y a plus viande.

Le carême dans la pure tradition catholique, c’est aussi l’abstinence. D’où les folies carnavalesques, libéralités, baisers échangés… 40 jours de privations, c’est long, on a fini les réserves de gras, on fait des réserves de plaisir ! Tiens tiens, c'est peut-être pour ça, la Saint Valentin... (Le 14 février, et le Carême, cette année, commence le 17)

Le carême étant devenu beaucoup moins strict, si toutefois il est seulement respecté, les folies sont en proportion, la fête devient beaucoup plus sage.

A Paris, les collégiens et lycéens se poursuivent et se bombardent de farine et d’œufs. Protégeant souvent leurs vêtements avec des sacs poubelle, ils sont déguisés, si l’on veut, mais cet uniforme manque de fantaisie et de poésie… Quant aux enfants, ils se déguisent, oui, mais avec l’aide bienveillante des parents, qui les accompagnent à la fête mais restent en tenue de ville, eux. Sages mardis qui n’ont plus de « gras » que le nom. La règle du jeu a changé, mais on s’amuse bien tout de même. 


Mon amie Simone Gruner a publié Jeux de masques, chez Dessain et Tolra, il y a 30 ans, auquel nous avons participé, Brieuc Segalen et moi, en tant qu'animateurs d'un atelier d'arts plastiques. On y apprend à fabriquer un masque en carton à partir d'une forme en terre, on y voit de très belles photos - du carnaval de Bâle notamment, de Christophe Gruner. 

1 commentaire:

  1. très intéressant surtout l'hypothèse sur la st Valentin.
    Un ami a croisé le carnaval de paris qui paressait bien ordonné.
    En Belgique c'est une tradition encore vivante.

    un stagiaire en stage

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